France

Corse : le tribunal administratif de Bastia valide l'arrêté anti-burkini de Sisco

Après une série d'annulations et de retraits des arrêtés municipaux anti-burkinis, le tribunal de Bastia se distingue et donne raison au maire de la commune de Sisco en Corse. La juridiction a retenu le risque de trouble à l'ordre public.

Le tribunal de Bastia a rejeté la requête en référé déposée par la Ligue des droits de l'homme (LDH) et a considéré que «compte tenu [de la rixe intercommunautaire ayant eu lieu à Sisco le 13 août dernier] et du fait que l'émotion n'[était] pas retombée, la présence d'une femme portant un costume de bain [de type burkini] serait de nature à générer des risques avérés d'atteinte à l'ordre public qu'il appart[tenait] au maire de prévenir».

«C'est un soulagement pour moi et ma population, et même, je crois pour toute la Corse», s'est félicité le maire de Sisco, Ange-Pierre Vivoni à l'annonce de la décision administrative. «Mon arrêté n'était pas de la prévention, je l'ai pris pour la sécurité des biens et personnes de ma commune, je risquais d'avoir des morts», s'est-il encore justifié.

C'est la première fois depuis la décision du Conseil d'Etat concernant la ville de Villeneuve-Loubet qu'une juridiction administrative confirme un arrêté municipal interdisant le port du burkini à la plage. 

Le 26 août dernier, le Conseil d'Etat, plus haute juridiction administrative française, avait en effet donné tort au tribunal administratif de Nice, invalidant l'arrêté anti-burkinis de Villeneuve-Loubet, qui se fondait, lui, sur le principe de la laïcité. Un concept juridique trop flou aux yeux du Conseil d'Etat qui avait d'ailleurs rappelé aux maires ayant pris des arrêtés anti-burkinis qu'ils ne pouvaient se fonder sur des considérations autres que celles de la menace pour l'ordre public, «la sécurité de la baignade, ainsi que l'hygiène et la décence».

Ravivement de la polémique sur le burkini

La décision de tribunal de Bastia est parvenue à donner un nouveau souffle à la longue polémique sur le vêtement de bain islamique, déclenchée début août lorsqu'une association musulmane avait souhaité privatiser une piscine pour les seules femmes, près de Marseille.

Ainsi, un certain nombre d'internautes ont manifesté leur indignation face à la validation par la justice d'un arrêté municipal considéré comme discriminatoire – l'un des utilisateurs de Twitter parlant même d'apartheid.

D'autres internautes ont souligné qu'il n'y avait pas eu d'incident lié au port du burkini à Sisco, contrairement à ce qui avait été avancé à la suite de la fameuse rixe intercommunautaire de mi-juillet.

La Ligue des droits de l'Homme va tenter de faire invalider la décision de justice

Il n'est toutefois pas impossible que la décision du tribunal de Bastia soit invalidée : mardi soir, la Ligue des droits de l'Homme a fait savoir qu'elle allait former un pourvoi devant le conseil d'Etat, à ce sujet.

Lire aussi : Le maire corse qui «voulait exclure tous les Maghrébins» s'est tué à moto