Procureur de Paris : «L’affaiblissement de Daesh en Irak et en Syrie renforce le risque d’attentat»

Procureur de Paris : «L’affaiblissement de Daesh en Irak et en Syrie renforce le risque d’attentat» Source: Reuters
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Dans une interview accordée au Monde vendredi 2 septembre, François Molins a partagé sa vision pessimiste de la situation sécuritaire en France, malgré le renforcement de l'arsenal législatif et les mesures adoptées depuis les attentats.

«Sur le plan judiciaire, l’augmentation est exponentielle», déplore le procureur, citant des chiffres inquiétants concernant l'augmentation des procédures judiciaires dans des affaires de terrorisme. 

Les chiffres font froid dans le dos alors qu'il détaille ses statistiques : «On avait 26 procédures en 2013 et 136 en 2015. Le parquet de Paris suit aujourd’hui 324 dossiers : 183 enquêtes préliminaires et 141 informations judiciaires. Seuls 25 dossiers ont été jugés ou sont en attente de jugement, ce qui donne une idée du travail qui nous attend. Au total, 982 individus font ou ont fait l’objet d’enquêtes judiciaires pour du terrorisme islamiste : 280 sont aujourd’hui mis en examen, dont 167 sont en détention, et 577 font l’objet d’un mandat de recherche ou d’un mandat d’arrêt.»

Malgré ces données croissantes, signe que l'attrait pour rejoindre l'idéologie de Daesh est grandissant, François Molins garde espoir : «On voit bien dans l’histoire du terrorisme que quand les organisations terroristes sont en difficulté sur zone, elles recherchent l’occasion de commettre des attaques à l’extérieur.» 

Ainsi, selon lui, la menace bien réelle de nouveaux attentats et leur accumulation tragique ces derniers mois serait en quelque sorte une bonne nouvelle, puisque cela signifierait que Daesh rencontre des difficultés sur ses théâtres d'opération, qu'il chercherait à étouffer par des actions violentes pour paraître puissant. «Paradoxalement, l’affaiblissement de l’Etat islamique en zone irako-syrienne constitue un facteur qui renforce le risque d’attentat», avertit-il. 

Le principal danger : les risques liés au retour de Syrie d’un grand nombre de combattants français et de leurs familles.

Durcissement pénal

Pour faire face à ces menaces, François Molins a détaillé sa stratégie. Il annonce ainsi avoir, depuis fin avril, considérablement durci sa politique pénale en criminalisant notamment des dossiers correctionnels. «Nous considérons désormais comme participant à une association de malfaiteurs criminelle toutes les personnes parties sur zone depuis janvier 2015 ayant participé à des combats, des patrouilles ou à la police islamique avec l’Etat islamique ou le Front Al-Nosra, devenu Fatah Al-Sham», précise -t-il.

Interrogé sur l'efficacité de l'alourdissement des peines, appliquées à des personnes qui sont prêtes à mourir, le procureur défend sa méthode : pour lui, l'essentiel est «de protéger la société en laissant ces individus plus longtemps en prison». Un cadre juridique spécial (garde à vue systématique) permettra également de juger les cas délicats des femmes qui ont suivi leur mari et ont été cantonnées à des tâches ménagères et les enfants nés en zone de guerre, endoctrinés dès l'enfance. Pour ces derniers, François Molins précise que la réhabilitation sera tentée autant que possible, mais que certains n'échapperont pas à la prison, car beaucoup de jeunes ont été encouragés très tôt à commettre des crimes. 

Il rappelle néanmoins que le placement en rétention des personnes fichées S, comme le préconise l'opposition et notamment Nicolas Sarkozy, est impossible, car cela porterait atteinte au «socle de l’Etat de droit». «On ne peut pas détenir quelqu’un avant qu’il ait commis une infraction», martèle-t-il. 

Prenant l'exemple de l'attentat de l’église de Saint-Etienne-du-Rouvray, au cours duquel un prêtre a été égorgé dans son église, il souligne par ailleurs les failles de la classification S, car cet attentat selon lui prouve «que quelqu’un avec un bracelet électronique peut passer à l’acte». «Le fait de porter un bracelet et de pointer une fois par semaine ou même plus au commissariat constitue-t-il une garantie suffisante ?», s'interroge-t-il, visiblement convaincu de la réponse. 

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