France

Amer, François Hollande se livre : «Macron m'a trahi avec méthode»

Ambiance de fin de règne à l'Elysée. La démission d'Emmanuel Macron, que de nombreux observateurs avaient pourtant vue venir, ébranle encore un peu plus l'autorité du président. Pour François Hollande, blessé, Emmanuel Macron est un traître.

Le quinquennat de François Hollande prend des tours de tragédie antique dont le roi nu déclamerait la litanie des abandons et des trahisons dont il est la victime. Selon Le Monde, qui rapporte des propos prononcés lors du dîner de la majorité quelques heures après la démission d'Emmanuel Macron, François Hollande a déploré le manque de loyauté de celui qui a été son protégé et qui a décidé, tel un Ulysse 2.0, de «prendre la mer à bord d'une embarcation plus frêle». Emmanuel Macron l'aurait ainsi non seulement trahi, mais «trahi avec méthode».

Le président victime de celui qui a été son protégé ? Une candeur qui peut étonner pour quelqu'un qui exerce des responsabilités politiques depuis plus de 35 ans. Avant de s'installer dans le Salon doré de l'Elysée, celui qui a toujours été considéré comme un outsider a pourtant côtoyé les grands fauves du paysage politique français.

Se donnant pour exemple l'illustre François Mitterand, dont le machiavélisme politique est devenu proverbial, Hollande avait ainsi toujours su manœuvrer habilement et jouer des retournements d'alliances alors qu'il était secrétaire général du Parti socialiste. Et ce malgré – ou grâce à – la condescendance des Laurent Fabius et autres Dominique Strauss-Kahn qui ne l'avaient pas vu venir.

Il semble donc ainsi plus vraisemblable qu'Emmanuel Macron ait su, pour sa part, ne pas se laisser instrumentaliser, échapper au timing électoral que Hollande imaginait peut-être, et le retourner à son avantage en prenant tout le monde à l'Elysée de court. 

Macron, Montebourg : «tous des enfants gâtés»

François Hollande devra sans doute, s'il veut toujours être candidat à sa propre succession, inscrire maintenant sa campagne dans la voie étroite qui subsiste entre Montebourg et Macron. Ainsi, selon un proche du président cité par Le Monde, «le départ de Macron est une amputation. C'est un ministre extrêmement populaire [...] C'est une mauvaise nouvelle pour la majorité, pour le gouvernement, pour le président».

Parmi les derniers fidèles, le député du Gers Philippe Martin résume l'ambiance et témoigne de sa compassion pour le président : «Tous ces enfants gâtés de la République, Macron, Montebourg, Hamon, qui mordent la main de celui qui les a créés, les a promus, les a nourris... C'est la nausée absolue», estime-t-il, semblant lui aussi découvrir l'ingratitude et la cruauté du jeu politique.

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