France

Erai : des caisses vides et des salariés sur le carreau

Après le refus du conseil régional de Rhône-Alpes de voter le plan de sauvetage, le sort des salariés français et étrangers de la société Erai semble scellé. Faute de liquidités, certains ne seront même pas payés et les expatriés s'inquiètent.

Interrogé par le Moci (le Moniteur du Commerce international) sur l'éventualité d'un plan C pour sauver Erai (Entreprise Rhône-Alpes International), Jean-Louis Gagnaire, l'un des administrateurs répond sans hésiter : «Avec deux échecs successifs, et à 6 mois des élections régionales, cela m'étonnerait beaucoup».

En effet, lundi 18 mai, le Conseil Régional, emmené par une coalition hétéroclite allant de l'UMP aux Verts en passant par le FN et le Centre, a rejeté un plan de sauvetage de 4,7 millions d'euros qui aurait permis à l'Ardi (l’Agence pour le Développement et l’Innovation) de reprendre les activités d'Erai. Un an plus tôt, les élus avaient déjà refusé d'allouer à Erai son budget de fonctionnement de 6 millions d'euros, précipitant l'agence dans la crise.

Pas de salaires et des inquiétudes pour les rapatriements

Erai, dont le but est d'accompagner les entreprises rhône-alpines dans leurs implantations à l'international, occupe 117 salariés à son siège lyonnais et dispose de près de 30 filiales à l'étranger. Faute de repreneur, Erai devrait donc, très rapidement, être placée en liquidation judiciaire par le Tribunal de Grande Instance et voir l'ensemble de ses salariés licenciés.

Pire, selon les informations du MOCI, les caisses d'Erai seraient totalement vides. En effet, la dernière subvention de fonctionnement qui lui a été allouée pour le premier trimestre 2015 aurait été bloquée par la banque. Erai croulant sous les dettes, le Crédit Agricole aurait peur de ne pas être en mesure de récupérer le découvert de 3 millions d'euros qu’il avait autorisé.

Si les salaires des 117 employés français seraient tout de même versés grâce à un fonds spécial, il n'en va pas de même pour les employés des 30 filiales étrangères d'Erai qui risquent bien de se retrouver sur le carreau. Certains salariés de ces filiales lancent un véritable appel au secours, notamment les VIE (volontaire international en entreprise).

Enfin, d'autres licenciements «en cascade» sont également à prévoir dans les 300 entreprises clientes de l'Erai, souvent des PME, qui étaient dépendantes de l'agence pour leur stratégie d'exportation.

Gabegie et querelles politiques

Implantée dans la région depuis près de 30 ans, Erai était devenu un pivot du tissu économique de la région lyonnaise. Mais de gros problèmes de gestion, avec des dettes s'élevant à 8 millions d'euros, ont eu raison de l'agence.

Mais au-delà de cette réalité économique, certains n’hésitent pas à signaler que le «dossier Erai» a été verolé par des querelles politiques. En décembre prochain, le socialiste Jean-Jack Queyranne tentera de se faire élire pour un troisième mandat à la tête de la région Rhône-Alpes, avec cette fois une pierre dans son jardin : l'échec d'Erai, ses salariés licenciés et son gouffre financier.