France

Lactalis fait un pas vers les producteurs et augmente de 15 euros les 1 000 litres de lait

Le géant Lactalis a cédé un peu de terrain dans le bras de fer qui l’oppose aux producteurs de lait. A compter du 1er septembre, il paiera les 1 000 litres de lait 15 euros plus cher. Soit 271 euros. Pas suffisant pour les producteurs.

«Lors de la réunion avec les organisations de producteurs, qui s'est tenue ce jeudi 25 août à la Maison du Lait, en présence de Monsieur Francis Amand, médiateur des relations commerciales agricoles, le groupe Lactalis, pour tenir compte des réelles difficultés rencontrées par les producteurs de lait, a souhaité faire un effort supplémentaire sur le prix du lait, avec une augmentation de 15 euros pour 1 000 litres dès le mois de septembre.» Le communiqué de Lactalis mettra-t-il un terme au conflit qui oppose l’industriel et les producteurs ? Rien n’est moins sûr.

Francis Amand, médiateur chargé des négociations, semble d’ailleurs dépité. Il souligne qu’après l’échec des négociations du 25 août, il avait fait une «proposition de la dernière chance à 280 euros les mille litres» pour les cinq derniers mois de l’année 2016. Actuellement, le prix est de 257 euros. Selon le médiateur, Lactalis avait accepté l’offre. Ce qui n’a pas été le cas des producteurs qui la trouvaient insuffisante.

«Je suis très déçu sur la méthode, j'ai eu l'impression que les représentants des organisations de producteurs n'étaient pas en capacité de prendre des positions et qu'elles leur étaient dictées depuis Laval. On repart à zéro, il n'y a plus de médiation possible dans ce cadre-là», s’est-il résigné.

Image de marque

Cette augmentation unilatérale vise en partie à redorer le blason du numéro un mondial des produits laitiers. Dans son communiqué, Lactalis dénonce les syndicats agricoles qui n’auraient «pas agi pour s'engager dans une sortie de crise, mais pour prolonger des actions et un bras de fer médiatique avec le Groupe Lactalis et nuire à son image».

Revenant sur l’échec des négociations, le groupe espère maintenant que les choses avancent : «Nous avons eu des interlocuteurs qui ne voulaient pas négocier hier, j'espère qu'on va faire bouger les lignes.»

De leur côté, les producteurs reprochent aux groupes industriels, Lactalis en tête, de maintenir une pression à la baisse sur les prix qui asphyxierait les agriculteurs et ne leur permettrait pas de vivre décemment. Malgré l'annonce, ils poursuivent leurs actions ce 26 août. 

La proposition a d'ailleurs été froidement accueillie par les syndicats agricoles, qui bloquent depuis le 22 août l'usine de Lactalis près de Laval.

La Fédération départementale des exploitants agricoles (FDSEA) de Mayenne a déclaré sur Twitter : «Ne vous faites pas avoir. Ce n'est que de la com'. Lactalis est un pro de la com'.»

Vendredi midi, une quarantaine d'agriculteurs continuaient d'occuper le giratoire donnant accès à l'usine, rebaptisé «rond-point de la honte du lait».