France

François Hollande, au sujet du chômage : «Je n’ai pas eu de bol !»

Un livre écrit par deux journalistes, Antonin André et Karim Rissouli, intitulé Conversations privées avec le président, raconte le quinquennat de l'intérieur grâce aux confessions de François Hollande. Le Point en diffuse des extraits exclusifs.

«C’est dur, bien sûr que c’est dur. C’est beaucoup plus dur que ce que j’avais imaginé» confie François Hollande à Antonin André et Karim Rissouli. 

Mettant de côté la pudeur et la langue de bois dus à ses fonctions, le président de la République s'est confié sans fard aux deux journalistes. Ces discussions, qui abordent de multiples sujets, de la politique à son entourage, ont débouché sur un livre Conversations privées avec le président dont Le Point publie les bonnes feuilles, jeudi 18 août. 

La révélation phare du président concerne sa potentielle candidature à l'élection présidentielle de 2017. Après avoir longtemps entretenu l’ambiguïté sur ce sujet, il fait preuve devant les journalistes d'un réalisme qui écarte toute prise de risques : le président n'a pas l'intention de se poser en kamikaze politique. «Je ne ferai pas de choix de candidature si, d’évidence, elle ne pouvait pas se traduire par une possibilité de victoire [...] Ce que les Français attendent, c’est du neuf.  [...] Peut-être du neuf avec le même !» dit-il. 

Le président ose même une remise en question, avouant certaines maladresses. «J’ai fait cette annonce de l’inversion de la courbe du chômage parce que je croyais encore que la croissance serait de 0,7-0,8, elle sera finalement de 0,1 ou de 0,2. Puis je répète cet engagement lors des vœux le 31 décembre 2012. J’ai eu tort ! Je n’ai pas eu de bol !» ose-t-il. 

Revenant sur les moments forts de son quinquennat, François Hollande confie avoir été particulièrement marqué par les attentats de Charlie Hebdo de janvier 2015. «C’est la semaine, celle des attentats, où je suis devenu président dans le regard de beaucoup de gens.» 

Il se livre également longuement sur les lourdes responsabilités qui lui incombent et confie son ressenti par rapport à certaines décisions et leurs conséquences. «J'ai pris des décisions lourdes pendant ces trois jours [les 7, 8 et 9 janvier 2015, le temps de la traque des frères Kouachi, auteurs de l'attentat de Charlie Hebdo], mais finalement moins lourdes que sur le Mali ou la Centrafrique. Des soldats sont morts là-bas et c'est moi qui les ai envoyés. La mort d'Hervé Gourdel [otage français décapité le 23 septembre 2014 par un groupe djihadiste algérien en représailles aux actions militaires françaises contre l'Etat islamique], ça aussi c'est ma responsabilité».

«Valls est victime de sa communication»

François Hollande consacre une longue tirade à son premier ministre et revient sur la polémique autour du 49.3, faisant part au passage, d'un point de vue étonnamment franc sur la question.

«Le passage en force n'est pas ma méthode. C'est celle de Manuel Valls, qui souligne qu'il tiendra bon... Et qui a ajouté la phrase sur le 49.3 dans l'interview aux Echos [interview du 17 février 2016 sur la loi travail] ? Valls m'assure que ce n'est pas lui. Mais il y a quelqu'un à Matignon qui pense que c'est bien de l'évoquer. Le texte n'a même pas été présenté au Conseil d'Etat ni au conseil des ministres et a fortiori pas au Parlement, et on annonce par avance qu'on utilisera le 49.3 ? Traduction : on n'y croit pas, on a peur. C'est l'erreur majeure de communication qui crée le désordre. «S'ils veulent passer ainsi, c'est qu'il y a un mauvais coup» : c'est, en substance, ce que les parlementaires de la majorité redoutent. Manuel Valls ne s'est pas rendu service en faisant cela, il s'est contraint à jouer la concertation. Il est victime de sa communication». 

«Je suis regardé comme le président d'une belle France»

Le président semble en revanche assez satisfait de son bilan et de sa stature présidentielle, notamment celle de chef des armées. Il revient pour cela sur les attentats de janvier 2015 : «J'ai montré que le pays était dirigé. Dirigé par moi. Le pays est tenu. Il y a eu un moment où tout aurait pu basculer dans la rancœur, la haine. Ça n'a pas été le cas. La France s'est découverte elle-même, elle a montré qu'elle avait confiance en elle, notamment à travers la reconnaissance internationale de ce que le pays représente et de ce que son président représente. Je suis regardé comme le président d'une belle France» conclut-il.