Environ 500 personnes ont participé le 14 août à Bastia à un rassemblement dans une atmosphère tendue au lendemain d'une violente rixe entre membres des communautés corse et maghrébine qui a fait au moins quatre blessés à Sisco, en Haute-Corse, dans la nuit du 12 au 13 août.
En fin de matinée, les manifestants ont été reçus à la préfecture de Bastia. A la sortie, dans une ambiance très tendue, la foule a crié «Aux armes, on va monter parce qu'on est chez nous» et s'est dirigée vers le quartier populaire de Lupino, dont les gendarmes mobiles avaient bloqué l'entrée.
Peu après les manifestants sont allés jusqu’à l'hôpital où un jeune homme d'origine maghrébine, blessé dans la rixe, était hospitalisé. Des CRS venus en renfort se sont positionnés à proximité et ont fait usage de gaz lacrymogènes après avoir été la cible de projectiles, a constaté une journaliste de l'AFP.
Dans la matinée du 14 août à Bastia, une jeune fille mineure, témoin des affrontements, s'exprimant avec un mégaphone devant les personnes rassemblées, a indiqué que la rixe avait éclaté alors que plusieurs femmes qui se baignaient en burkini étaient prises en photo par des touristes. Des insultes auraient été proférées par un groupe de jeunes gens d'origine maghrébine. Plusieurs hommes plus âgés, également d'origine maghrébine, seraient alors arrivés munis de hachettes pour s'en prendre à un groupe de jeunes corses, âgés de 15 à 18 ans qui étaient sur la plage. Des parents de ces jeunes sont à leur tour intervenus et deux d'entre eux ont été blessés avec des harpons, a indiqué la jeune fille.
Les tensions seraient ensuite montées d'un cran entre les deux groupes. Selon certains témoignages, les pneus de plusieurs voitures ont été crevés par des femmes maghrébines. En réponse, les villageois avoisinants ont renversé une voiture et incendié deux autres véhicules appartenant à des membres de la communauté maghrébine.
«Quatre personnes blessées, dont une femme enceinte, ont été évacuées vers le centre hospitalier de Bastia. Leur pronostic vital n'est pas engagé. Trois véhicules ont été incendiés, provoquant de fortes perturbations de la circulation et un début de feu de végétation rapidement circonscrit», a fait savoir Bernard Cazeneuve dans un communiqué diffusé dans la nuit du 13 au 14 août.
Le calme est revenu suite à l'intervention de «100 policiers et gendarmes», rapporte le communiqué et la section de recherches d'Ajaccio a été saisie de l'enquête. Le parquet n'a pas pu être contacté, la préfecture et les forces de l'ordre n'ont pas souhaité donner de détails sur la nature de l'altercation.
Depuis de nombreux mois, les incidents à caractère xénophobes se multiplient en Corse. Le 1er août 2016, un lieu de culte musulman et une boucherie halal avaient été dégradés par des tags xénophobes dans la ville de Ghisonaccia, en Haute-Corse.
Durant la nuit de Noël 2015, l'agression de deux pompiers et d'un policier avait déclenché une série de manifestations à Ajaccio, entachées d'actions anti-musulmanes : des individus avaient notamment saccagé une salle de prière, puis avaient tenté de mettre le feu à des exemplaires du Coran. Quelques jours plus tard, une tête de sanglier avait été découverte devant la porte d'un espace cultuel musulman de la ville.