France

Quotas de migrants, l'Italie s'étonne et s'inquiète du revirement français

Alors que la France avait un temps semblé accepter le projet de répartition des migrants entre les Etats européens, François Hollande vient de déclarer s'y opposer catégoriquement, au grand dam de l'Italie.

C'est la stupeur et l'étonnement à Rome alors que la France, par la voix de son président, vient de rejeter nettement toute idée de quotas de répartition des migrants entre les différents pays européens.

A Berlin, aux côtés d'Angela Merkel, François Hollande a été catégorique: «Il n'est pas question qu'il y ait des quotas d'immigrés».  

Devant ce refus, l'Italie par la voix de son ministère des Affaires étrangères a aussitôt fait part de son émoi, voire d'un avertissement : «Il serait vraiment regrettable que soit fait un demi-tour dans cette possibilité de partager ce problème et de faire en sorte qu'il ne soit plus seulement un problème italien mais aussi un problème européen» a ainsi réagi Paolo Gentiloni. 

Plus encore, Rome rappelle l'Europe à ses devoirs de solidarité entre les Etats et à ses principes fondateurs : «Il ne peut y avoir aucun retour en arrière sur cette question sinon l'Europe risque de ne plus vivre selon ses propres principes» ajoute le ministre italien.

Le projet élaboré par la Commission européenne proposait d'appliquer des quotas obligatoires pour assurer une distribution équitable des réfugiés entre les pays européens en fonction du PIB, de la population, du taux de chomâge et du nombre de réfugiés déjà installés.

Il faut dire que l'Italie se trouve en première ligne : avec 39 980 personnes arrivées sur ses côtes depuis le début de l'année, soit une hausse de 10% par rapport à la même période en 2014, elle a de quoi se montrer inquiète.

Retour sur un revirement français

La surprise de l'Italie devant les déclarations de François Hollande est d'autant plus grande que la France avait semblé un temps donner son aval au plan européen. Son ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve avait même déclaré que le plan de la Commission européenne avait été «inspiré par des propositions faites par la France». Paris avait donc accepté d'accueillir 14,17% des migrants.

Pourtant, quelques signes avant-coureurs avaient un temps interpellé l'Italie, mais ils venaient du Premier ministre Manuel Valls qui n'avait pas hésité à faire savoir son opposition aux quotas.

Tout était parti d'un simple tweet lors de la visite de Manuel Valls à Menton, une ville frontalière entre la France et l'Italie. 

Toujours à Menton, Manuel Valls avait publiquement renchéri sur sa position: «Je suis contre l'introduction de quotas de migrants. Ceci n'a jamais correspondu aux propositions françaises. En revanche, l'Europe doit avoir une politique de l'asile et la France a entrepris de réformer la sienne pour la rendre plus efficace».

Ce tweet et cette déclaration avaient alors provoqué une légère inquiétude du côté italien.«La France a toujours été à nos côtés pour demander une intervention de l’Europe en matière d’immigration ; il serait absurde de changer de position juste maintenant», avait déclaré comme pour se rassurer Angelino Alfano le ministre de l’Intérieur dans les colonnes du Corriere della Sera

A Berlin, François Hollande semble donc s'être rangé à l'avis de son Premier ministre.

Et maintenant?

La Hongrie, la Pologne, la République tchèque, l'Estonie, la Lettonie, la Lituanie et la Slovaquie avaient dés le début exprimé leur opposition au projet européen de quotas.

Le revirement français rend désormais possible l'hypothèse qu'un nombre suffisant d'Etats membres s'opposent à l'adoption de ce projet européen de quotas.