France

Budget militaire : la «très chère» armée française

Après les 3,8 milliards d'euros supplémentaires pour le budget de la défense dégagés par François Hollande le mois dernier, le Conseil des ministres examine actuellement la loi actualisant la programmation militaire pour les années 2015-2019.

Votée en décembre 2013 pour la période 2014-2019, La loi de programmation militaire (LPM) prévoit une dotation annuelle de 450 millions d'euros pour financer le surcoût des interventions françaises dans le monde. Mais pour l'année 2014, cette enveloppe a été dépassée de plus de 600 millions d'euros. La LPM est donc aujourd'hui rééxaminée par le conseil des ministres suite à la décision de François Hollande de réévaluer les crédits inscrits dans la loi.

Le président français a notamment décidé de «sauver» 18500 emplois sur les 33500 qui devaient être supprimés au sein de l'armée. Une clause de revoyure de la LPM, prévue fin 2015, a été avancée à l'été. Le ministère de la Défense indique que L'«actualisation» annoncée initialement se traduira par une révision considérable, même si le «modèle» de la loi est préservé.

En réponse à la menace terroriste et pour tirer tous les enseignements des attentats de janvier, l'effort de défense repart ainsi à la hausse et ce, pour la première fois depuis 25 ans.

Après les attentats de Janvier, l'armée française, déjà très sollicitée à l'étranger, avait été mobilisée pour assurer la surveillance de 700 sites «sensibles» sur le territoire national.

En trois ans, la France s'est engagée dans trois opérations militaires à l'étranger : En janvier 2013 au Mali, en décembre de la même année en Centrafrique et en septembre 2014 en Irak, contre l'État islamique. L'addition se révèle particulièrement salée en matière de budget militaire.

En 2013, le coût des opérations militaires françaises s'élevait à 1,25 milliard d'euros soit le double de la provision prévue de 630 millions d'euros. L'opération Serval au Mali avait à elle seule déjà coutée 647 millions d'euros, soit 2 millions d'euros par jour. En Centrafrique, où 1600 hommes avaient été mobilisés, le coût avait été moindre avec 21,5 millions d'euros, soit 300-500 mille euros par jour.

En 2012, la présence militaire en afghanistan avait coûtée 493 millions d’euros à la France (soit 1,4 million d’euros par jour) pour un total de 817 millions sur toute l'année.

L’opération Harmattan en 2011 en Libye qui avait impliqué 4 000 hommes, 31 avions ainsi que l’envoi d’un groupe aéronaval de Toulon au large des côtes libyennes durant sept mois a eu un coût de 368,5 millions d'euros soit 1,7 million d’euros par jour. Cette année là, les dépenses militaires françaises avaient atteint 1,24 milliards d'euros.

En 2014, le surcoût des opérations extérieures de l'armée française (Opex) devrait dépasser le milliard d'euros, alors que la provision initiale, s'élève à 450 millions d'euros.

Les militaires français sont payés au SMIC et un soldat en opération gagne 50% de plus lorsqu'il est en mission. Reste le coût de fonctionnement du matériel : Selon le rapport budgétaire du député PS Jean Launay d'octobre 2012, l’heure de vol d’un Rafale est estimée à 26 800 euros, celle d’un Mirage2 000 à 11 700 euros. Le coût horaire d’un hélicoptère Tigre est de 25 100 euros. A quoi il faut ajouter le coût des munitions et celui de la logistique.

François Hollande avait déjà souhaité en décembre 2013 que l'intervention française en Centrafrique bénéficie du dispositif européen Athena, seul mécanisme existant de financement collectif d'opérations militaires européennes, créé en 2004 et dont les ressources s'élevaient à 29 millions d'euros en 2012.

«L’UE ne peut pas tout attendre d’un ou deux Etats membres (...) pour assurer l’essentiel de l’engagement budgétaire et humain au bénéfice de la sécurité de tous», déclarait le 28 août 2013 François Hollande devant les ambassadeurs français.

Destinée à entrer en vigueur en juin, l’opération militaire menée par l'UE en Méditerranée et qui vise à combattre le traffic de migrants atteindra par ailleurs presque 12 millions d’euros et impliquera le déploiement de navires de guerre ainsi que d'avions de surveillance. 2015 risque donc d'être une année très couteuse.