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Corse : «Marche blanche contre la barbarie» à Bastia, sur fond de tensions communautaires (PHOTOS)

Une centaine de personnes ont participé samedile 6 août à une marche pour la paix et la tolérance à Bastia, à l'appel d'un collectif de Corses issus de l'immigration, alors que l'île connaît régulièrement des incidents à caractère xénophobe.

«Nous citoyens de ce pays, nous hommes et femmes corses, issus(es) de l’immigration, nous résidents et résidentes de fraîche date venus de tous les ailleurs, nous tous, Corses, voulons, inseme [ensemble, en corse], donner sens et force à la Communauté de Destin.» C'est en ces termes que le collectif I paceri per viaghju a appelé les habitants de l'île de Beauté à un rassemblement à Bastia, samedi 6 août, afin de condamner la barbarie terroriste et de rendre hommage aux victimes de ces derniers mois.

L'événement a pris la forme d'une marche, du Palais de justice de la ville au monument de la Résistance, place Saint-Nicolas, sous une banderole indiquant «Inseme per campà in pace… Ensemble pour la paix».

Le maire de Bastia, Pierre Savelli, s'est réjoui de l'organisation de l'événement et s'est mêlé aux marcheurs : «Nous montrons [ainsi] que les Bastiais, quelles que soient leurs origines, quelles que soient leurs idées politiques, se réunissent pour dire non au terrorisme et pour essayer de construire une société de paix», a affirmé l'élu local selon la chaîne de télévision France 3. Son adjointe, Emmanuelle De Gentili, a elle aussi pris part à la marche.

Des photos du mouvement ont été diffusées par des internautes sur les réseaux sociaux.

Par ailleurs, l'initiative a été saluée par le président du collectif antiraciste corse Ava Bastas. Selon France 3 toujours, celui-ci s'est félicité de la diversité culturelle dont témoignaient les personnes réunies au vu des voiles et des cheveux qui flottaient au vent.

Favoriser le «vivre ensemble» dans un contexte de vives tensions

En plus de rendre hommage aux victimes du terrorisme, les organisateurs de cette marche blanche souhaitaient livrer aux Corses un message de tolérance intercommunautaire. «Nous appelons tout le peuple corse, dans sa diversité à se mobiliser pour bâtir une société sans racisme, sans peur. Nous voudrions être nombreux pour montrer que nous voulons construire une société du campà inseme, du vivre ensemble», affirmait ainsi le communiqué du collectif I paceri per viaghju.

L'île est le théâtre, depuis deux ans, d'une importante vague d'incidents islamophobes et anti-arabes. Le 1er août, un lieu de culte musulman et une boucherie halal ont été dégradés par des tags xénophobes dans la ville de Ghisonaccia, en Haute-Corse.

La nuit de Noël 2015, l'agression de deux pompiers et d'un policier avait déclenché une série de manifestations à Ajaccio, entachées d'actions anti-musulmanes : des individus avaient notamment saccagé une salle de prière, puis avaient tenté de mettre le feu à des exemplaires du Coran. Quelques jours plus tard, une tête de sanglier avait été découverte devant la porte d'un espace cultuel musulman de la ville.

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