En mai, le mouvement avait annoncé sa «démilitarisation» après des années de combat pour l’indépendance. Mais le Front de libération nationale corse (FLNC) pourrait bientôt reprendre les armes. Cette branche du FLNC issue d’une des multiples scissions du mouvement d’origine l’a annoncé dans un communiqué transmis à Corse Matin. Ses membres prennent au sérieux la menace d’un attentat islamiste sur l’île de Beauté. «La volonté des salafistes est clairement de mettre en place chez nous la politique de Daesh et nous nous y sommes préparés», explique le texte.
«Votre philosophie moyenâgeuse ne nous effraie pas. L'amalgame n'existe que dans l'esprit des faibles et le peuple corse est fort [... ] de choix politiques difficiles qui ne nous ont jamais fait basculer comme vous dans la barbarie», ont-ils lancé à destination des extrémistes.
Et le mouvement indépendantiste prévient : «Sachez que toute attaque contre notre peuple connaîtrait de notre part une réponse déterminée sans aucun état d'âme.» «Si l'Etat islamique revendiquait des actions sur notre sol, nous ne pourrons vaincre qu'ensemble», poursuit le FLNC.
La politique étrangère de la France critiquée
Au-delà de ce message adressé aux fanatiques, le FLNC du 22 octobre interpelle l’Etat. Le gouvernement aurait, «si un drame devait se produire chez nous [...], une part importante de responsabilité car il connaît les salafistes en Corse». Le mouvement avance même le chiffre de huit individus avant d’ajouter savoir «avec certitude que l'un des imams de Corse est un indicateur de la police».
L’aspect géopolitique n’est pas éludé dans le communiqué. Ainsi, le FLNC s’en prend à la politique étrangère hexagonale : «Il faudra que la France cesse sa propension à intervenir militairement et à vouloir donner des leçons de démocratie à la terre entière, si elle veut éviter que les conflits qu'elle sème à travers le monde ne reviennent comme un boomerang sur son sol.»
Plus surprenant, les nationalistes assurent avoir permis au mois de juin de déjouer un «attentat dans un lieu fréquenté par le public», sans donner plus de précisions.
L’affaire du guet-apens d’Ajaccio
En décembre 2015, un piège a été tendu à des pompiers dans une cité d’Ajaccio par un groupe de jeunes qui leur ont lancé divers projectiles. L’incident avait entraîné plusieurs journées de mobilisation, parfois émaillées de violence.
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Pour le groupe clandestin, il s’agissait d’une «stratégie mise en place plusieurs jours, voire plusieurs semaines auparavant pour tester la réaction du peuple corse». Une opération «orchestrée par quelques pseudo-penseurs malfaisants aidés de petites crapules sans envergure», déplore-t-il.
Appel au calme
Si la menace de représailles en cas d’attaque est limpide, le FLNC du 22 octobre ne souhaite pas céder au racisme. Le mouvement appelle «à la vigilance et au calme face à la barbarie» et souligne ne pas être «le refuge des frustrés d'une lutte raciale ou xénophobe» avant de dénoncer «les idéologies fascisantes qui alimentent les esprits fragiles et les réseaux sociaux».
Les indépendantistes s’adressent également «aux musulmans de Corse». Ils les appellent à «prendre position» en dénonçant l'islamisme radical et leur demandent notamment de signaler «les dérives chez des jeunes désœuvrés tentés par la radicalisation». Avant de les enjoindre à ne pas «afficher de signes religieux ostentatoires».
Sur un terrain politique plus classique, les présidents nationalistes de l'exécutif de la Collectivité territoriale de Corse et celui de l'assemblée, Gilles Simeoni et Jean-Guy Talamoni s’activent aussi. Le 28 juillet, ils doivent soumettre à l’Assemblée une résolution demandant à l'Etat de fermer les lieux de culte musulman constituant «des foyers d'influence salafiste», d'expulser les animateurs fondamentalistes de ces lieux.
Ils demandent également à renforcer la sécurité sur les sites de grande fréquentation. La Corse est l'une des régions les plus touristiques de France. En 2014, selon l’Insee, les trafics aériens et maritimes y ont acheminé 7,4 millions de voyageurs.