France

Des élèves de 3e dans la peau d'un nazi ? Le rectorat de Bordeaux supprime un exercice polémique

L’académie de Bordeaux a supprimé le 21 juillet de son site internet un exercice mis à la disposition des professeurs d'histoire-géographie de troisième. Le but ? Ecrire un discours pour le ministre de la Propagande nazie Joseph Goebbels.

Vous souhaitez vous mettre dans la peau d’un reporter de l’Armée rouge ou d’un employé du Reich ? Pour les élèves de l’académie de Bordeaux, la chose était encore possible il y a peu. Le 21 juillet, le site du rectorat a supprimé un exercice proposé aux professeurs d’histoire-géographie de la classe de troisième. Souhaitant «faire valoir deux points de vue», il proposait notamment aux élèves de porter la plume pour le propagandiste numéro un du Troisième Reich : Joseph Goebbels.

Immersion en pleine deuxième Guerre mondiale

L’exercice était répertorié dans la rubrique «tâches complexes» qui prévoit de mettre les élèves en relation avec des événements historiques. L’exercice polémique prenait pour décor la bataille de Stalingrad qui s’est déroulée en Russie en 1942.

Les élèves étaient invités à se mettre dans la peau d'un envoyé spécial du journal de l'Armée rouge soviétique et de rédiger un article. Ensuite, changement de rôle. C’est dans le costume d’un employé du Reich que devait se glisser les collégiens. Sous ordre de Joseph Goebbels, il devait écrire «un discours en insistant sur les enjeux idéologiques et territoriaux de cette bataille pour l'Allemagne national-socialiste».

Le professeur à l’origine de l’exercice «au-dessus de tout soupçon»

«Nous avons fait retirer l'exercice du site internet car la formulation de la deuxième partie était maladroite», a reconnu l'inspecteur d'académie Michel Roques, inspecteur pédagogique régional d'histoire-géographie. Le 20 juillet, des professeurs s’étaient émus sur les réseaux sociaux du contenu et de la formulation de l'exercice… pourtant accessible depuis 2014.

Quant au professeur à l’origine de l’exercice ? Il est «au-dessus de tout soupçon» selon l’inspecteur. Il explique que dans ce type d'apprentissage, «les élèves ne sont pas livrés à eux-mêmes, chaque partie développe un point de vue et la confrontation se fait sous l'autorité de l'enseignant». Soulignant ensuite que l’inventeur de l’exercice avait déjà rempli des «fonctions de formation».

Michel Roques reconnaît une erreur : «Se mettre dans la peau d'un fonctionnaire nazi, c'est là qu'est la maladresse.» Mais selon lui, «ce type de travail n'est jamais fait sans accompagnement». Raison pour laquelle il «a pu ne pas paraître particulièrement choquant à la personne qui l'a validé».