France

Etat d’urgence : un festival de la banlieue d’Angers réunit 43 000 personnes et… 0 policier

Une cinquantaine de milliers de spectateurs se sont déhanchés le vendredi 8 juillet à Trélazé pour une soirée organisée par la radio musicale NRJ. Problème ? Aucun policier présent ni aucun filtrage effectué. Tout cela en plein état d’urgence.

La polémique enfle à Trélazé. Selon les informations de Ouest-France, la petite commune de la banlieue d’Angers accueillait le 8 juillet la soirée «NRJ in the park» au parc du Vissoir. Un événement musical qui a attiré un public «record» d’après le maire socialiste Marc Goua.

Les services de l’édile ont compté 43 000 specteurs. La protection civile 50 000. Et les policiers ? Zéro. Aucun dispositif n’a été prévu pour encadrer cette soirée à risque. Un point qui soulève de nombreuses interrogations en plein état d’urgence.

La sécurité pour les seuls gros événements ?

La décision de ne pas affecter de dispositif policier peut sembler surprenante au regard de ce qui se fait habituellement dans la région. Dans la toute proche ville d’Angers, le maire LR Christophe Béchu a refusé d’installer un écran géant pour la finale de l’Euro le 10 juillet. Selon lui, la préfecture émettait des conditions «trop contraignantes».

De même, le 4 juillet, le Tour de France faisait étape à Angers. L’occasion de déployer un dispositif de sécurité très important. Cette différence de traitement pour le concert de Trélazé a eu le don d’énerver Philippe Boussion, syndicaliste FO : «Un concert gratuit offert à des milliers de gens qui n’ont pas forcément les moyens, rassemblant autant de monde que le Tour de France, deux à trois fois plus qu’un match du SCO, peut-être trois à quatre fois plus qu’une fan zone à Angers, tout le monde s’en tape !»

Pour Marc Goua, pas de problème. Les événements ne se situent pas au même niveau de risque : «Ce n’est pas la même chose. Les services de renseignement connaissent les événements à risque, tels que l’Euro et le Tour de France. Notre festival se déroule dans une ambiance familiale.»

Des policiers «qui n’arrivent plus à souffler»

Pour un juriste angevin contacté par Ouest-France, l’état d’urgence permet de prendre des décisions arbitraires. «On voit bien que l’état d’urgence permet des décisions discrétionnaires. On autorise ce que l’on veut et quand on le veut, et on se retranche après derrière la loi», explique-t-il.

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Philippe Boussion pointe pour sa part un manque d’effectifs policiers et des heures de travail qui s’accumulent : «Une saison du Sco (NDLR : club de football de la ville d’Angers NDLR) sans renfort, des manifs loi travail, le Tour de France, des milliers d'heures sups... Les policiers angevins sont déjà sur les genoux avec les nombreux événements des dernières semaines. Sauf à obtenir des renforts conséquents du ministère, ils ne peuvent pas être partout. La sécurité a un coût, et le versement d'une prime de reconnaissance et d'investissement, à tous ces policiers qui n'arrivent plus à souffler, ne serait pas de trop !»

L’état d’urgence doit prendre officiellement fin le 26 juillet. Sauf en cas d’événement grave d’ici là.