France

L'uniforme, le drapeau et l'hymne à l'école de retour à l'Assemblée Nationale

A l'occasion de l'étude du projet de loi «Egalité et Citoyenneté» à l'Assemblée, les députés ont proposé de réintroduire l'uniforme en classe, ou la levée du drapeau à l'école. Des propositions récurrentes dans le débat politique français.

Dans l'exposé de son amendement sur l'hymne et le drapeau, Bernard Debré a considéré que l'école de Jules Ferry était devenue «l'école des différences, de l'indiscipline et parfois du rejet des valeurs de notre République», vu «les réactions de certains élèves à la suite des attentats de Paris de janvier et de novembre 2015».

Une mesure défendue par d'autres parlementaires de droite, comme Jean-Christophe Fromantin :

Bernard Debré et Eric Ciotti ont aussi défendu la réintroduction de l'uniforme à l'école. Une «tenue commune» pour tous les élèves, «comme dans la quasi totalité des pays» selon le député de Paris, permettrait qu'il n'y ait «pas de distinction sociale, de considération religieuse» visibles et de renouer avec un «roman national» marqué par les «hussards noirs de la République».

Le député des Alpes-Maritimes a aussi proposé l'installation d'un drapeau français dans toutes les classes et de généraliser l'apprentissage de la marseillaise dans les écoles.

«Vous n'avez pas le monopole du patriotisme», a lancé le ministre de la Ville, Patrick Kanner, s'opposants à ces différents amendements de la Droite, notamment sur la question de l'uniforme.

Le ministre et les parlementaires socialistes ont aussi argué que la loi sur la refondation de l'école de 2013 prévoit déjà un certain nombre de dispositions de ce type. Les élèves doivent apprendre l'hymne national comme l'hymne européen, la devise de la République et le drapeau tricolore doivent être apposés sur le fronton des établissements, la déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789 doit être affichée dans les écoles...

Ecologiste désormais non inscrite, Isabelle Attard a objecté que, pour développer le sentiment d'appartenance, «les actes comptent beaucoup plus que les mots», notamment en faveur de la «solidarité» et la «justice sociale».

Elle a aussi considéré que certains propos de M. Ciotti renvoyaient à «une période sombre de notre Histoire». Ce que le député et président LR du conseil départemental des Alpes-Maritimes a dénoncé comme «indigne de ceux qui ont défendu le drapeau».

Chef de file des députés Front de Gauche et ancien principal de collège auvergnat, André Chassaigne a appelé à «arrêter les postures», disant constater une évolution des enseignants vers une valorisation accrue des symboles républicains.

«L'enjeu de la transmission des valeurs ne peut être réduit à une question d'habillement ou à la nostalgie d'un autre temps», a rétorqué le ministre, critiquant une mesure d'«autoritarisme» rejetée par les fédérations de parents d'élèves et syndicats enseignants. Le gouvernement ne veut pas «donner l'apparence de l'égalité mais avancer avec des leviers plus efficaces».

Les députés LR, soutenus par l'UDI, ont également tenté, en vain, de rétablir des «contrats de responsabilité parentale» permettant de suspendre les allocations familiales face à l'absentéisme scolaire. «Politique du bâton qui tape à côté», pour M. Kanner.

Comme lui, la rapporteure Valérie Corre (PS) a défendu le dialogue et l'accompagnement des parents, dont la «démission est un mythe».

Des thèmes récurrents chez la droite française

Il y a quelques semaines, des thèmes similaires avaient été porté par le candidat à la primaire Jean-François Copé, qui proposait la réintroduction de l'uniforme dans les établissements publics et le lever du drapeau une fois par semaine dans la cour de l'établissement, à la manière de ce qu'il se pratique aux Etats-Unis.

En Janvier 2013 déjà, la sénatrice Sophie Joissains, et plusieurs de ses collègues UMP avaient déposé une proposition de loi visant à instaurer le port d'uniformes scolaires et de blouses à l'école et au collège.