France

Montée du terrorisme : les Français se disent davantage favorables à la torture

Selon un sondage publié mardi 21 juin par l’Acat, une ONG engagée dans la lutte contre la torture, 36% des Français interrogés pourraient tolérer la torture dans certaines situations, alors qu’une personne sur cinq se dit pouvoir la pratiquer.

«Des résultats effrayants» déplore Jean-Etienne de Linares, le délégué général d'Acat. «On se doutait qu'il y avait une acceptation de plus en plus grande de la torture, dans le contexte de la montée du terrorisme, mais on ne se rendait pas compte que l'évolution était aussi dramatique», a-t-il ajouté.

Car en effet, l’étude montre que 36% des Français estiment que dans des cas exceptionnels comme des attentats ou des guerres «on peut accepter le recours à la torture», alors qu’ils n’étaient que 25% à le penser en 2000.

Par ailleurs, alors que 18% des personnes sondées pourraient pratiquer elles-mêmes la torture dans des circonstances exceptionnelles, 54% des Français interrogés considèrent comme justifié qu'un policier envoie des décharges électriques sur une personne soupçonnée d'avoir posé une bombe prête à exploser pour la faire parler.

«Il existe un fantasme selon lequel il vaut mieux faire souffrir quelqu'un pour sauver des vies. C'est ce qu'on appelle le scénario de la bombe à retardement», explique Jean-Etienne de Linares, soulignant néanmoins que, dans les faits, cette technique s’avère souvent inutile : «les agents secrets le savent : les détenus parlent mais ne donnent pas de renseignements fiables», a précisé le délégué de l’ONG.

Jean-Etienne de Linares déplore par ailleurs que cèdent «des digues de tolérance» et que l'on soit selon lui «en train de régresser». Il rappelle que de nombreux textes interdisent le recours à la torture, tels l'article 5 de la Déclaration universelle des droits de l'Homme qui énonce : «Nul ne sera soumis à la torture, ni à des peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants.»

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