France

L'introduction de l'arabe au CP voulue par Najat Vallaud Belkacem engendre une nouvelle controverse

La ministre de l'Education nationale a provoqué une vague d'indignation à droite en annonçant l'apprentissage plus précoce des langues vivantes étrangères, dont l'arabe, perçu comme une langue «communautaire», notamment par Bruno Le Maire.

L'annonce de l'introduction de l'arabe dès l'école primaire par Najat Vallaud Belkacem alimente les polémiques autour des réformes menées par le ministère de l'Education nationale.

S'appuyant sur les mauvais résultats des jeunes Français au sein de l'OCDE en termes de maîtrise des langues vivantes étrangères, la ministre a décidé d'intégrer différentes langues relevant des Elco (Enseignements de langues et cultures d'origine) au programme de CP dès la rentrée prochaine. Ce programme, créé à partir d'une directive européenne de 1977, concerne les langues de huit pays : l'Algérie, la Croatie, l'Espagne, l'Italie, le Maroc, le Portugal, la Serbie, la Tunisie et la Turquie.

Initialement, l'objectif était de faciliter l'intégration des enfants qui se déplaçaient avec leurs parents dans le cadre d'une immigration de travail au sein de l'Union européenne. Les dérives communautaires de ce programme, dénoncées dès 2012 par le Haut Conseil à l'Intégration, constituent l'argument principal de la ministre pour justifier cette requalification - en plus d'un meilleur apprentissage des langues étrangères.

Le Front national en tête des critiques

Sans surprise, l'enseignement de l'arabe a retenu l'attention politico-médiatique, surtout à droite et notamment au Front national, dont les membres ont éreinté cette proposition. «Des cours renforcés de français pour tous seraient infiniment préférables», a dénoncé le vice-président du parti, Florian Phililppot.

Le secrétaire général du FN, Nicolas Bay, a également indiqué, en ironisant, qu'il était préférable que l'accent soit mis sur le français.

Le député frontiste Louis Aliot s'est aussi vivement opposé à cette annonce, estimant que les élèves avaient d'avantage besoin de «cours renforcés de Français et d'Histoire».

Accusations de «défrancisation» et de «communautarisme»

«Décidément, vous n'aimez pas la France», a commenté le président du parti chrétien-démocrate, Jean-Frédéric Poisson, appelant par la même occasion la ministre à démissionner.

Le maire de Bézier, Robert Ménard n'a pas maché ses mots, se focalisant toujours sur l'apprentissage de l'arabe et indiquant que la France était dans un «processus de défrancisation évident».

Le député du FN Jean-François Jalkh considère que cette mesure allait renforcer le communautarisme.

Najat Vallaud Belkacem riposte à l'Assemblée nationale

Utilisant le même argument, la député des Républicains, Annie Genevard, a posé une question lors des questions au gouvernement à l'Assemblée nationale. Son intervention a été beaucoup commentée, en raison de la réponse catégorique que lui a apportée Najat Vallaud Belkacem.

La réaction de Bruno Le Maire entraîne une nouvelle polémique

Estimant également que la mesure de la ministre de l'Education nationale renforcerait le communautarisme, la réaction du candidat à la primaire des Républicains, Bruno Le Maire, a déclenché une vague de réactions sur Twitter.

Le journaliste et cofondateur de Rue89, Pierre Haski, a jugé la déclaration de Bruno Le Maire «indigne d'un homme aussi cultivé».

La sénatrice d'Europe écologie les Verts, Esther Benbassa, lui a répondu sur le ton de l'humour.

Les utilisateurs de Twitter s'en sont donné à coeur joie, rivalisant d'humour, pour tourner en dérision la réaction de Bruno Le Maire.

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