Jeudi 26 mai
Les nouvelles manifestations contre la loi Travail ont réuni le 26 mai au moins 153.000 manifestants en France, selon les autorités, tandis que la CGT en a recensé le double, près de 300.000, soit une mobilisation en baisse par rapport à il y a une semaine.
Selon le ministère de l'Intérieur et la préfecture de police de Paris, 77 personnes ont été interpellées, dont 36 dans la capitale, et quinze policiers ou gendarmes ont été blessés. «Quatorze dépôts pétroliers ont été débloqués sans incidents», a ajouté le porte-parole du ministère, Pierre-Henry Brandet. «Dans plusieurs villes, cette nouvelle journée d'action a été synonyme de grandes tensions», a-t-il déclaré, estimant toutefois que le dispositif des forces de l'ordre avait «permis aux débordements d'être contenus».
La préfecture de police estime le nombre de manifestants à Paris entre 18 000 et 19 000, un chiffre en hausse par rapport au 19 mai, où de 13 000 à 14 000 personnes avaient défilé selon la même source.
Au cours de la manifestation, émaillée d'échauffourées et de dégradations, 16 personnes ont été interpellées, a ajouté la préfecture de police.
De nouvelles échauffourées ont éclaté jeudi à Paris à l'arrivée du cortège contre la loi travail place de la Nation, lorsque des manifestants cagoulés ont poussé un chariot de supermarché enflammé contre une paroi de plexiglas dressée par les policiers.
Des manifestants ont également jeté sur les forces de l'ordre de nombreuses pierres provenant d'un mur cassé peu avant l'arrivée sur la place et s'en sont pris à des devantures de concessions automobiles et de magasins sur un boulevard proche. Les policiers ont répliqué à coups de gaz lacrymogène. La dispersion a débuté vers 16h30 et douze personnes ont été interpellées depuis le début de la manifestation, selon la préfecture de police.
Sur la place de la Nation à Paris, un manifestant a décidé de se déshabiller complétement.
A Paris, la situation est tendue sur la place de la Nation à Paris. Notre correspondant est sur place.
A Amiens, les manifestants ont fait un immense feu de pneus en plein centre-ville.
Les forces de l'ordre sont venus disperser les manifestants à la gare centrale.
A Lyon, les forces de l'odre essuient plusieurs jets de projectiles.
Sur la place de la Nation à Paris, les CRS préparent l'évacuation.
A Paris, la manifestation est régulièrement perturbée par des affrontements sporadiques entre des groupes de manifestants et les forces de l'ordre.
A Nantes, malgré l'interdiction, les manifestants sont toujours en place.
Un manifestant contre la loi travail a été «sérieusement blessé» jeudi à Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône) après avoir été heurté par une voiture qui a forcé un barrage installé à l'appel de la CGT à un carrefour, a-t-on appris de source policière.
La victime, âgée de 51 ans, prise en charge par les pompiers, a été héliportée vers un hôpital voisin. Le chauffeur du véhicule en cause, âgé de 25 ans, a pris la fuite avant de se rendre au commissariat de Martigues où il a été placé en garde à vue, a-t-on ajouté de même source.
Finalement le cortège repart et certains manifestants jettent des projectiles sur les CRS.
Une partie de cortège des manifestants a été bloquée par les CRS à Paris. Dans la foule, des cris «Laissez-nous passer» se font entendre. Les policiers ont tiré des gaz lacrymogènes.
A Rennes, alors que le défilé des opposants à la loi Travail passait par le centre-ville, des manifestants ont mis à feu des poubelles et bloqué un dépôt de bus de la société STAR. Les CRS tentent de reprendre le contrôle de la situation.
Comme l’a constaté notre correspondant sur place, les premiers débordements ont eu lieu. Des manifestants ont jeté des projectiles contre les CRS.
Selon la préfecture de police de Paris, neuf interpellations ont eu lieu dans la capitale, notamment pour port d'arme prohibé et dégradations en début de manifestation.
A Lyon, la manifestation contre la loi Travail est-elle aussi sujette à une montée de la tension.
Jean-Luc Mélenchon participe à la manifestation, entouré de ses partisans et par les journalistes.
Les manifestations contre la loi Travail à Paris ont commencé dans le calme mais depuis quelques minutes la tension monte.
A Paris, les manifestants se préparent à partir de la place de la Bastille en direction de la place de la Nation.
A Bordeaux, de légers affrontements sporadiques ont lieu entre les forces de l'ordre et certains manifestants.
Plusieurs milliers de personnes ont répondu à l'appel des syndicats et se sont joint au cortège de manifestants.
SUD-RATP a appellé à la grève illimitée dès le 10 juin, à l'ouverture de l'Euro 2016, pour protester contre la loi travail et la remise en cause du statut des agents de la régie parisienne des transports.
La CGT, première force syndicale, avait annoncé lundi un mouvement similaire à partir du 2 juin pour demander la réouverture des négociations salariales et le retrait du projet de loi travail. Des préavis de grève ont été déposés à la SNCF par l'ensemble des syndicats représentatifs, permettant de couvrir la période de l'Euro 2016 de football, pour peser sur les négociations sociales en cours dans l'entreprise et au niveau de la branche ferroviaire.
A la raffinerie ExxonMobil de Port-Jérôme (ex-Notre-Dame-de-Gravenchon), près du Havre (Seine-Maritime) le mouvement de grève a cessé, a communiqué la direction et la CGT.
«On peut dire que la grève est terminée, il n'y a pas eu d'assemblée générale à la prise de quart ce matin», a indiqué à l'AFP Didier Lutsen, porte-parole de la direction de la deuxième raffinerie française.
«La grève est suspendue depuis 22H00 hier soir», a déclaré pour sa part Christophe Aubert, secrétaire CGT de la raffinerie.
Hervé Renet, syndicaliste CGT et maire de Sainte-Croix-Hague (Manche), a été tué après une collision entre sa moto et une voiture en marge d'une manifestation contre la loi Travail
L'homme de 57 ans se trouvait ce jeudi à quelques centaines de mètres d'un barrage de manifestants contre la loi Travail à Querqueville, dans la Manche. Sur sa moto, le maire et syndicaliste a percuté de plein fouet une voiture.
Le secrétaire général de l'union locale CGT de Cherbourg Thierry Lacombe, 53 ans, a également été grièvement blessé. Polytraumatisé, il a été transporté sur l'hôpital de Caen par l'hélicoptère de la sécurité civile, Dragon 50 qui a atterri sur le stade de Querqueville ce jeudi, explique France Bleu Cotentin.
A Quimper (Finistère), les manifestants se sont rassemblés devant le siège local du Parti Socialiste.
Ils ont notamment souhaité faire entendre leur mécontentement en recouvrant l'entrée d'affiches et de graffitis.
Sur le périphérique parisien, quelque 250 camions de forains selon la préfecture de police de Paris, deux fois plus selon les manifestants, ont commencé une opération escargot-klaxons avec leurs poids lourds. Des camions ralentissaient aussi l'A10, au niveau de Saintes, Saint-Jean-d'Angély et Poitiers.
Les manifestants réclament que les fêtes foraines restent en centre-ville alors que «les maires veulent nous mettre à l'extérieur», a expliqué un manifestant, cité par Ouest France, ajoutant que «les cirques sont dans le même cas que nous». Ils demandent aussi l'exonération de la taxe à l'essieu et un taux de TVA à 5 %.
Manuel Valls «recevra les acteurs du secteur pétrolier samedi», a indiqué Matignon à l'AFP.
Matignon n'a pas précisé quels seraient précisément les acteurs autour de la table. L'entourage du Premier ministre avait auparavant fait savoir que sa réunion publique, prévue samedi à Clermont-Ferrand, était reportée au 9 juin.
A Nogent-sur-Seine (Aube), les employés de la centrale nucléaire ont dressé des barricades de palettes qu'ils ont ensuite enflammé.
A Nantes, les manifestants ont bloqué les voies d'accès à l'aéroport, notamment en brûlant des pneus.
A Vitrolles (Bouches-du-Rhône), un chauffeur de camion excedé par les blocages a forcé le barrage faisant plusieurs blessés.
L'homme a été rapidement interpellé par les forces de l'ordre.
A Perpignan, le trafic ferroviaire entee la France et l'Espagne est très fortement perturbé, des manifestants bloquant les voies.
A Marseille, le cortège est également parti du centre-ville.
En Corse également, le mouvement national de grève dans les installations pétrolières batb son plein avec le blocage par la CGT des dépôts de carburants d'Ajaccio et de Bastia, a constaté l'AFP.
Depuis 08H00, les deux dépôts de l'île, au Vazzio à Ajaccio, et à Lucciana près de Bastia, sont bloqués par des salariés grévistes et des militants de la CGT qui empêchent les camions citernes de s'approvisionner.
Plusieurs dizaines de camions attendaient le long des routes menant à ces dépôts de pouvoir remplir leurs cuves.
«Nous rejoignons le mouvement national de protestation contre le projet de loi sur le travail et notre action est reconductible», a déclaré à l'AFP le secrétaire général de la CGT pour la Corse-du-Sud, Jean-Michel Biondi.
La CGT, majoritaire, a installé des véhicules décorés de la bannière rouge et jaune du syndicat devant les portails de dépôts. Plusieurs dizaines de salariés et de militants ont pris position devant les dépôts.
«Il y a peu de salariés dans les dépôts et l'encadrement envisagerait d'intervenir pour assurer l'approvisionnement, mais nous ne les laisserons pas faire», a affirmé Jean-Michel Biondi.
D'importantes files de véhicules ont été observées jeudi autour des stations service. Certaines, notamment à Ajaccio et dans le sud de l'île, ont dû fermer en raison de l'épuisement de leurs stocks.
Alors que la Corse n'avait pas encore été affectée par le mouvement de blocage des raffineries et des dépôts pétroliers sur le continent, les distributeurs insulaires ont profité du conflit pour augmenter substantiellement les prix des carburants à la pompe. Ceux-ci sont pourtant déjà sensiblement plus élevés en période habituelle que sur le continent, en dépit d'une fiscalité plus favorable.
A Grenoble, les forces de l'ordre ont mis fin aux blocages, tandis que le port de commerce de Valence est désormais bloqué.
A Montpellier, le cortège de manifestants s'est rassemblé en centre-ville contre la loi Travail :
A Limoges (Haute-Vienne), les manifestants se sont également donnés rendez-vous.
Idem à Rouen, Le Havre, Tours et Caen.
Les patrons de presse ont dénoncé une exigence «scandaleuse» de la CGT qui bloque aujourd'hui la parution de plusieurs quotidiens nationaux.
«La CGT a décidé de bloquer l’impression des journaux qui avaient refusé de publier sous la contrainte un tract appelant le gouvernement à retirer la loi travail», s'est insurgé le patron de L'Opinion, Nicolas Beytout, dans un éditorial publié en ligne.
«Cette intrusion scandaleuse du syndicat dans les contenus des médias doit être dénoncée comme une déplorable atteinte à la démocratie», a-t-il souligné.
«On n'a jamais publié de communiqué sous la pression et on ne le fera jamais», a affirmé de son côté le directeur de Libération, Laurent Joffrin, interrogé sur France Inter.
Il a dénoncé une exigence «honteuse et stupide» de la CGT.
«On a bien fait de refuser» de publier la tribune de Philippe Martinez, a ajouté Laurent Joffrin qui a fustigé l'attitude de L'Humanité, seul quotidien national en kiosque jeudi, «qui s'est couché».
Interrogé sur France Inter, le secrétaire général du syndicat CGT du Livre, Didier Lourdez, a affirmé que son syndicat n'avait «ni exigence, ni diktat».
Il a cependant reconnu que son syndicat avait «proposé à tous les quotidiens de donner une expression à Philippe Martinez».
«La liberté de la presse et la démocratie doivent se faire dans les deux sens», a-t-il dit. «C'est nous qui sommes pris en otages par le gouvernement qui veut appliquer une loi» que son syndicat dénonce, a-t-il ajouté.
Les quotidiens nationaux français, à l'exception de L'Humanité, n'étaient pas en kiosque jeudi, journée de mobilisation contre le projet de loi travail, une situation vécue comme une «prise en otage» par le syndicat de la presse quotidienne nationale (SPQN).
A Toulouse, les manifestants ont décidé de lever tous les blocages, en vue de rejoindre la manifestation prévue à 14h30.
Après un léger «désaccord» avec Manuel Valls sur l'article 2, Michel Sapin a rétropédalé. Dans une déclaration transmise à l'AFP, le ministre du Travail a en effet assuré être sur la même ligne que le Premier ministre sur la question de l'article 2 de la loi.
«On ne touche pas à la philosophie générale du texte. L'accord d’entreprise primera donc sur l'accord de branche». «Il peut y avoir des améliorations au Sénat mais la philosophie du texte et celle de l'article 2 ne doivent pas bouger», a-t-il insisté.
Interrogé sur RMC à propos des blocages, Manuel Valls a précisé qu'une éventuelle réquisition d'employés dans les raffineries en grève, déjà voulue par la droite, pouvait être envisagé.
«Toutes les possibilités sont sur la table», a répondu Manuel Valls.
Selon RMC, les blocages des centrales nucléaires ont provoqué des coupures d'électricité dans plusieurs départements :
A Amiens (Somme), les forces de l'ordre ont du intervenir pour débloquer la rocade, fermée par les manifestants qui ont notamment brûlé des pneus sur la route.
A Toulouse, les blocages ont provoqué de nombreux ralentissements aux abords de la ville.
A Cherbourg (Manche) l'usine de sous-marins nucléaires du groupe DCNS est «totalement bloqué» dans le cadre des manifestations contre la loi travail, selon des sources policières.
«On bloque aussi le port militaire (qui jouxte DNCS, ndlr). Il y a trois barrages bloquants. Seul le personnel réquisitionné passe», a précisé à l'AFP Alexis Padet de la CGT de DCNS. Selon lui, 300 personnes participaient peu avant 8h00 au blocage prévu jusqu'à 13h15.
Le ministre des Finances Michel Sapin a jugé jeudi qu'il fallait «peut-être » toucher à l'article 2 du projet de loi travail, portant sur l'articulation entre accords de branche et accords d'entreprise, tout en écartant toute «remise en cause des principes» essentiels du projet de réforme.
«Peut-être qu'il faut toucher à l'article 2» sur certains «points», a déclaré le ministre, interrogé sur LCP sur des éventuelles évolutions concernant cet article contesté par les syndicats hostiles au texte. «Il faut regarder tout cela dans le détail», et «en finesse», a ajouté le ministre.
En parallèle, Manuel Valls, comme une réponse à Michel Sapin a affirmé sur RMC qu'«on ne touchera pas à l'article 2»
Entre cinquante et cent manifestants bloquent une zone industrielle située à l'est de Nîmes (Gard). Il s'agit de manifestants de Nuit Debout mais aussi des syndicats ( SUD/ CGT/ CNT).
Par ailleurs, les barrages filtrants, bloquant uniquement les poids lourds aux entrées de cette zone dans laquelle se trouvent une centaine d'entreprises, ont provoqué des bouchons sur plusieurs kilomètres. Selon les participants, ils devraient être levés vers 10H00.
A Nîmes toujours, une autre action coup de poing a rassemblé 150 personnes selon les syndicats, 20 selon la police, devant la fédération du Parti Socialiste du Gard. Les manifestants ont déversé du «fumier, brûlé des pneus et distribué des tracts pour le retrait de la loi travail et l'obtention de nouveaux droit pour les salariés», affirme une source syndicale.
Sur BFMTV, Manuel Valls a évoqué de possibles «modifications» ou «améliorations» du projet de loi travail, même s'il est selon lui «hors de question de changer le cadre» du texte, notamment sur l'article 2 contesté par la CGT et FO.
Pressé de dire quelles pourraient être ces modifications, le chef du gouvernement n'a pas précisé : «on verra, mais il n'y aura pas de modification de la philosophie du texte».
Interrogé à nouveau un peu plus tard sur RMC lors des questions d'auditeurs, le Premier ministre a dit être «resté volontairement vague parce que je n'en sais rien ! Tout simplement parce que le texte vient d'être adopté à l'Assemblée, qu'il est déjà le fruit d'un compromis (...) ça ne viendra qu'à la fin du mois de juin, début du mois de juillet».
«Je suis toujours ouvert quand il faut améliorer tel ou tel aspect mais en revanche sur les grandes lignes du texte, l'article 2 c'est à dire la négociation dans l'entreprise, la garantie jeunes, les nouveaux droits pour les salariés, la lutte contre le détachement illégal, ce que nous faisons pour les jeunes, ça il n'est pas question d'y toucher», a-t-il affirmé.
Lire aussi : Manuel Valls hausse le ton : «La CGT ne fait pas la loi dans de ce pays»
A propos des blocages effectués partout en France, le Premier ministre est resté ferme : «Je suis respectueux de la CGT dont je connais l'histoire (...) mais ça n'est pas la CGT qui peut bloquer le pays, ce n'est pas la CGT qui peut imposer un texte de loi», a-t-il martelé en écho à ses propos de la veille à l'Assemblée, fustigeant à nouveau «l'irresponsabilité» du syndicat.
«Moi, je vais retirer un texte ? Ou je vais réécrire un article qui est le coeur de sa philosophie, c'est à dire la négociation dans l'entreprise?», a-t-il évacué, tout en reconnaissant que «beaucoup d'aspects» du texte n'avaient pas été «compris».
«Ce pays se meurt parfois de ses conservatismes, de son impossibilité à réformer, c'est pour ça que nous sommes dans un moment crucial», a plaidé Manuel Valls.
Alors que toutes les centrales nucléaires en France ont voté la grève, trois centrales thermiques sont déjà à l'arrêt, selon l'Obs : Cordemais (Loire-Atlantique), Gardanne (Bouches-du-Rhône) et Porcheville (Yvelines).
Pour le moment, la CGT affirme ne pas pouvoir préciser dans l'immédiat l'impact chiffré de la baisse de production qu'entraineront ces actions.
Brest, Nantes, Rennes, Caen et Le Havre sont notamment concernées. A Brest, le port de commerce est bloqué depuis 5h30 et les manifestants se dirigent vers le dépôt de pétrole.
Au Havre, les employés ont bloqué le pont de Normandie en début de matinée avant de l'évacuer.
A Caen (Calvados), plusieurs ronds-points sont bloqués.
Des barrages filtrants ont été mis en place dans de nombreux endroits : notamment sur l'A25 en direction de Lille, dans le sud d'Avignon, à l'est d'Amiens et sur le périphérique vers Ramonville, dans la région de Toulouse.