L’Elysée souhaitait un rendez-vous populaire qui fasse la part belle à la jeunesse. Il a donc organisé un concert gratuit pour commémorer les cent ans de la terrible bataille de Verdun. Jusque-là, rien de bien clivant. Sauf que la tête d’affiche n’est pas pour plaire à tout le monde. C’est Black M, rappeur issu du groupe Sexion d’Assaut, qui a été choisi. Accompagné de Lefa et Abou Debeing, il chantera le 29 mai au Parc de Londres, à Verdun.
Le problème, c’est que Black M possède son lot de casseroles. Son groupe, Sexion d’Assaut, a été accusé plusieurs fois d’homophobie. Dans l’une des chansons du collectif, on peut entendre un passage très virulent : «Je crois qu'il est grand temps que les pédés périssent, coupe leur le pénis, laisse-les morts, retrouvés sur le périphérique.»
Black M lui même, qui en version longue donne Black Mesrimes, hommage à l’ancien ennemi public numéro 1 Jacques Mesrine, a déjà fait polémique. Dans le tube du groupe Désolé, le rappeur lance : «Je me sens coupable quand je vois tout ce que vous a fait ce pays de kouffars.» Ce terme arabe, péjoratif, désigne un non croyant.
Le choix des autorités a clairement dessiné deux camps. Et ils s’écharpent. D’un côté, ceux qui ne trouvent rien à redire à cette décision :
De l’autre, des internautes scandalisés qui dénoncent un manque de respect pour les morts. Sur Twitter, personnalités politiques et simples citoyens crient leur colère. David Rachline, sénateur-maire Front national (FN) de Fréjus s’interroge : «Black M tête d'affiche du concert pour le centenaire de Verdun... Est-ce bien approprié pour honorer nos morts ?»
D’autres sont bien plus virulents :
Lorsque L’Est Républicain a demandé au principal intéressé comment il réagissait à ces critiques, Black M n’a pas semblé très touché : «Je leur réponds tout simplement de venir participer au concert et je pense qu’ils ne vont pas le regretter. Je les invite à venir me voir, qu’ils aiment ou pas ma musique, on va s’amuser.»
La bataille de Verdun s’est déroulée du 21 février au 19 décembre 1916. C’est l'une des confrontations les plus meurtrières de l’histoire militaire. Du côté français, 163 000 personnes ont perdu la vie. 143 000 du côté allemand. Les survivants ne cesseront de décrire cette bataille comme un véritable enfer sur la terre.