France

L’Elysée a-t-il fait pression pour écarter deux Français de l’émission «Dialogues citoyens» ?

François Hollande, au plus bas dans les sondages, a souhaité avoir un échange sur France 2 avec «des Français». Mais certaines personnes choisies par la chaîne du service public auraient été déprogrammées à la demande de l’Elysée.

L’émission «Dialogues Citoyens» devait permettre à François Hollande de se montrer proche des préoccupations des Français et notamment, de celles des agriculteurs. Diffusé en direct le 14 avril sur France 2, le programme est néanmoins préparé depuis de longues semaines par France 2 et l’Elysée.

Le Monde révèle en effet que Michel Field, responsable de l’information chez France Télévisions, aurait été «conciliant» avec les souhaits de la présidence de la République. «Certains affirment qu’il a accepté de retirer deux noms sur la liste des six Français qui devaient interroger», écrivent les journalistes du quotidien. Les deux Français en questions sont un agriculteur et la déléguée syndicale FO du volailler Doux.

En interne, à la présidence de France Télévisions, l’affaire fait apparemment grand bruit. «On ne voit pas les signes de notre indépendance vis-à-vis de l’Elysée : d’habitude, on ne transmet que les profils des intervenants, pas les noms, et on donne les grandes lignes de l’émission, pas le détail», s'emporte un journaliste, dans les colonnes du Monde. De son côté, Michel Field a effectivement reconnu que deux participants «pressentis» avaient été éloignés. «C’était une volonté de notre part, pas une demande de l’Elysée», tempère-t-il. «Cette émission n’a pas été montée sous la dictée de l’Elysée, loin de là. Nous n’avons pas été trop conciliants : il y a eu des discussions âpres, où chacun a défendu son point de vue», a-t-il aussi plaidé.  

Invité ce matin sur Europe 1, Nicolas Le Borgne, éleveur de porc dans les Côtes-d’Armor, qui devait dialoguer avec le chef de l’Etat, a eu des mots très durs à l’encontre de celui-ci. «Je suis en colère. L'agroalimentaire et l'agriculture sont les premiers éjectés. Nous, agriculteurs, on représente 1,8% de la population. Ils ne veulent sans doute plus de nous. On est en train de mourir en silence dans nos campagnes et ils ne nous acceptent même plus à l'antenne», se désespère-t-il.