Près de 5 000 élèves fréquentent une cinquantaine d'établissements hors contrat. Au début en grande partie financés par des pays étrangers, ils sont aujourd'hui de plus en plus subventionnés par l'Etat français. Ces écoles ne sont pas tenues de respecter les programmes de l'éducation nationale, ce qui inquiéte l'exécutif, notamment la ministre de l'Enseignement, Najat Vallaud-Belkacem.
«L'emprise des Frères musulmans» sur l'enseignement
La ministre envisage ainsi de modifier les modalités d'ouverture d'une école hors contrat. Actuellement, il suffit, pour le fondateur d'une école primaire, d'être bachelier, âgé de plus de 21 ans, de disposer de locaux et de faire une déclaration en mairie.
«Compte tenu des risques de radicalisation auxquels nous sommes confrontés», peut-être qu'il est temps «de passer d'un système de simple déclaration à un système de contrôle a priori, c'est-à-dire d'autorisation», a indiqué Najat Vallaud-Belkacem sur France 2, après la publication dans le Figaro d'un dossier alarmiste sur les écoles musulmanes.
Le journal pointe du doigt «l'emprise des Frères musulmans» sur l'enseignement. «L'UOIF (Union des organisation islamique de France) contrôle les principales écoles sous contrat avec l'Etat mais aussi, plus ou moins directement, une quarantaine d'écoles hors contrat, le plus souvent dans le primaire», peut-on lire dans le premier quotidien généraliste de France.
Eviter d'éventuelles dérives
Citant le très médiatique spécialiste de l'islam Gilles Kepel et l'ancien membre de l'UOIF, Mohamed Louizi, le Figaro dresse le tableau d'une institution dans «une logique de rupture avec la communauté nationale» et qui tenterait d'étendre son emprise en France à travers les écoles musulmanes hors contrat.
L'Education nationale a renforcé cette année les inspections des écoles hors contrat musulmanes, mais aussi catholiques, juives ou non religieuses, le ministère réfléchissant à de nouvelles modalités d'ouverture pour ces établissements afin d'éviter d'éventuelles dérives.
Les écoles musulmanes sont en outre désormais inspectées par au moins un agent arabophone, qui peut ainsi comprendre les écrits tels que les livres de la bibliothèque. Une vingtaine d'écoles ont fait l'objet d'un traitement particulier car elles avaient été signalées par l'académie, les services de l'Etat ou des parents d'élèves.
Ces écoles n'étaient pas prévenues de la venue des inspecteurs
Contrairement aux inspections «classiques», ces écoles n'étaient pas prévenues de la venue des inspecteurs, qui pouvaient être jusqu'à six ou sept pour un seul établissement. La vingtaine de structures ainsi passées au crible comprenaient des écoles musulmanes, catholiques, juives et non confessionnelles, a précisé la rue de Grenelle.
Huit de ces écoles, en majorité musulmanes mais aussi catholiques, se sont vues notifier des résultats insatisfaisants. Les inspecteurs n'ont trouvé aucun élément attestant d'une volonté d'enseigner des valeurs contraires à celles de la République ou promouvant une vision radicalisée de la religion. Mais les inspecteurs ont relevé «une pauvreté pédagogique, qui fragilise le développement des enfants et qui n'est donc pas compatible avec le code de l'éducation».