France

Pour François Hollande, les extrêmes se rejoignent

En cherchant à renouer le lien avec les Français qui n’ont toujours pas confiance en leur président, François Hollande, hier sur Canal+, n’a pas été avare en déclarations prêtant à controverse, comparant notamment Marine Le Pen à un tract communiste.

«Madame Le Pen parle comme un tract du Parti communiste des années 1970 (...) sauf que le Parti communiste, il ne demandait pas qu'on chasse les étrangers, qu'on fasse la chasse aux pauvres», a déclaré François Hollande sans prendre de gants au cours de sa prestation télévisuelle dans l’émission Le Supplément diffusée sur Canal+.

Il n’aura échappé à personne que le Front National (FN) et le Parti communiste (PCF) se trouvent sur les extrémités opposées de l’échiquier politique mais cela démontre qu’aux yeux de François Hollande, les extrêmes se rejoignent parfois… au mois sur certains aspects de leurs programmes politiques.

Mais cela montre aussi qu’en dépit de sa cote de popularité extraordinairement basse de 18%, le président de la République entend «se battre jusqu’à la fin» de son quinquennat.

La présidente du Front national Marine Le Pen a pour sa part choisi de ne pas répondre aux insultes, regrettant simplement le temps de la gloire passée de Canal+.

Les dirigeants communistes, eux, ont pris à cœur les propos du président. Le secrétaire national du parti, Pierre Laurent, s’est dit «scandalisé» et a réclamé au lendemain de l’émission les «excuses publiques» du président. «C'est une phrase lamentable et c'est la seule chose que le président de la République a trouvé à répondre à des électeurs qui lui disaient leur désarroi», a déclaré le responsable, avant de rappeler que dans les années 1970, la gauche avait un programme commun qui a conduit à la victoire du candidat socialiste en 1981.

«Son propos est d'une totale bassesse et indigence, indigne d'un président élu aussi par les communistes», a critiqué dans un communiqué le candidat du Front de gauche à la présidentielle de 2012, Jean-Luc Mélenchon.

«Au terme de deux heures d'échanges avec François Hollande, il y a fort à parier qu'il n'aura pas convaincu les 80% de Français mécontents, à tout le moins ceux qui auront fait l'effort de le regarder et de l'écouter», a souligné la porte-parole de l'UMP, Isabelle Le Callennec.

Seul le parti socialiste a soutenu le chef de l’Etat français. Le président du groupe PS à l'Assemblée nationale, Bruno Le Roux, a salué l’émission du président de la République sur Canal+ qui a été, selon lui, «le meilleur fortifiant contre l'esprit de déclin et de dénigrement».

Reste à ajouter que le porte-parole du gouvernement Stéphane Le Foll a rejeté l’idée d’excuses publiques car il estime que le président a bien tracé la différence entre les positions du FN et du PCF. Il a en outre constaté qu’il y avait «une analogie sur des terres et des zones anciennement communistes qui votent aujourd'hui Front National».