Le rapport, aussitôt classé «confidentiel défense», serait un retour d’expérience (retex) sur la mission des militaires dans le cadre de l’opération Sentinelle, et une série de «préconisations» sous forme de 22 recommandations, rapporte l’Opinion, qui aurait pu en connaître les grandes lignes.
Néanmoins, le rapport aurait souligné des divergences dans l'application des doctrines et les pratiques de la «coopération militaro-civile». D’un côté, la Défense explique qu’il faut faire face à une «menace militarisée» qui «est la même à l’intérieur et à l’extérieur des frontières», alors que de l’autres les usages démocratiques empêchent les militaires d’agir de manière identique sur le territoire national que lors de leurs opérations extérieures.
Auditionné par la commission d’enquête de lutte contre le terrorisme, un représentant des commissaires de la police nationale, regrette à ce sujet que, lors de l’attentat du Bataclan le 13 novembre, les militaires n’aient pas reçu l’ordre d’intervenir alors l’attaque était en cours.
« Il y avait des gens de Sentinelle à proximité du Bataclan. Un gradé de la BAC se trouve près d’une porte de secours et dit aux militaires : "Allez ! On y va !" (…) Le détachement Sentinelle a dit : "Non, j’ai pas d’ordres pour bouger", a expliqué le représentant, rapporté par le Figaro.
Les 15 et 16 mars, moins d’une semaine avant les attentats de Bruxelles, le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian a présenté au Parlement la nouvelle doctrine de sécurité intérieure. Le texte, public et uniquement rédigé par le ministère de la Défense, plaide, encore, pour «une militarisation de la réponse» face à la menace terroriste. Le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, ne s’est pas exprimé sur le sujet, alors qu’il est, selon la Défense, responsable de la sécurité de la population française sur le territoire national.
Rappel sur l’opération sentinelle
L’opération Sentinelle a été mise en place au lendemain des attentats de Charlie Hebdo, en janvier 2015, sur l’ordre de François Hollande. Elle vise à renforcer la sécurité du territoire nationale en complément du plan Vigipirate. Elle engage non seulement des militaires et des gendarmes, mais aussi des policiers, et prévoit le déploiement régulier de 7000 militaires sur le sol français (ce nombre pouvant être porté jusqu’à 10 000 pendant un mois), chargés de sécuriser les points sensibles en France.