France

L'avocat de Salah Abdeslam porte plainte contre le procureur de Paris

Sven Mary, avocat du principal suspect des attentats de Paris, Salah Abdeslam, a dit qu'il allait porter plainte, le 21 mars, contre le procureur de Paris François Molins, pour violation du secret de l'instruction, selon la presse dominicale belge.

«La lecture d'une partie de l'audition de M. Abdeslam en conférence de presse constitue une violation», s'indigne l'avocat Sven Mary, cité par le quotidien belge francophone Le Soir.

Le procureur de Paris avait annoncé le 19 mars lors d'une conférence de presse que Salah Abdeslam, arrêté la veille à Bruxelles, avait déclaré aux enquêteurs belges qu'il «voulait se faire exploser au Stade de France» le soir des attentats, avant de faire «machine arrière».

«Il a violé le secret de l'enquête. Jusqu'à présent, personne n'avait donné de détails sur l'enquête, seulement sur l'état médical de mon client et sur le déroulement de la procédure à venir», a déclaré l'avocat au quotidien néerlandophone De Standaard. Il a aussi critiqué le modus operandi de François Molins. 

«Je ne vois pas pourquoi le procureur de Paris doit, dans le cadre d'une instruction belge, à ce stade-ci, communiquer. Il y a apparemment une différence de culture entre la Belgique et la France dans les communiqués de presse par les magistrats», a-t-il développé sur la chaîne de télévision publique RTBF.

«Nous ne sommes pas tenus par ce qui se passe en France. Par contre, eux sont tenus par le secret de l'instruction en Belgique», a déploré ce ténor du barreau de Bruxelles. 

Toutefois, les codes de procédure pénale français et belge permettent à un procureur de se soustraire au secret de l'instruction dans certaines conditions. 

Sven Mary avait par ailleurs affirmé, le 19 mars toujours, que son client s'opposait à son extradition à Paris, réclamée par la France dans le cadre d'un mandat d'arrêt européen.

Selon cette procédure, une décision définitive sur l'extradition de Salah Abdeslam doit intervenir dans un délai de 60 jours à compter de son arrestation, ou de 90 jours, s'il devait exercer son droit de recours devant une juridiction supérieure, a expliqué le ministère français de la Justice.

Pour Sven Mary, «Salah Abdeslam est d'une importance capitale pour cette enquête».

«Je dirais même qu'il vaut de l'or. Il collabore, il communique, il ne profite pas de son droit au silence. Je pense qu'il serait intéressant de laisser maintenant le temps au temps, pour que je puisse en parler avec lui, pour que les enquêteurs puissent parler avec lui», a-t-il estimé sur la RTBF.

Les attentats de Paris et Saint-Denis ont fait 130 morts et plusieurs centaines de blessés le 13 novembre.