France

Guerre d'Algérie : la droite vent debout contre les commémorations du 19 mars

François Hollande a décidé de commémorer la fin de la guerre d’Algérie à la date anniversaire du cessez-le-feu. Une volonté qui a déclenché la colère de personnalités politiques, médias et associations.

Le 18 mars 1962, les accords d’Evian sont signés entre la France et le Gouvernement provisoire de la République algérienne. Ils se traduisent par un cessez-le-feu à compter du 19 mars. C’est justement la date choisie par le président Hollande pour commémorer la fin de la guerre d’Algérie. Une décision lourde de sens pour ses détracteurs qui l’accusent de manquer de respect à la mémoire des pieds-noirs (Français d’Algérie), anciens combattants et harkis (combattants algériens fidèles à la France) massacrés dans les semaines qui ont suivi l’arrêt des hostilités.

Sarkozy dégaine la tribune

La protestation la plus relayée est venue de l’ex-président de la République. Dans les colonnes du Figaro, Nicolas Sarkozy a regretté ce choix «que certains continuent à considérer comme une défaite militaire de la France, c'est en quelque sorte adopter le point de vue des uns contre les autres, c'est considérer qu'il y a désormais un bon et un mauvais côté de l'Histoire et que la France était du mauvais côté».

Michelle Tabarot, députée-maire LR du Cannet a parlé d’une «faute historique et symbolique».

Christian Estrosi, maire LR de Nice a carrément refusé d’associer sa ville aux commémorations : «C'est une question de conviction personnelle. Le choix du 19 mars est un déni de vérité sur l'histoire de France, car des disparitions et des assassinats sont intervenus par centaines après cette date.»

Cette date n’est pas celle de la paix, mais celle du déchaînement de la violence et d’un génocide

Le Front national n’est pas en reste. Louis Alliot, vice-président du parti, a étrillé la décision du président dans un communiqué. Il rappelle que François Mitterrand avait averti que l’on pouvait «choisir n’importe quelle date sauf le 19 mars». Pour lui cette date est tout sauf celle de la paix : «Cette date n’est pas celle de la paix, mais celle du déchaînement de la violence et d’un génocide. Après cette date, plusieurs centaines de soldats et plusieurs milliers de civils français et musulmans ont été enlevés et assassinés ou ont disparu, et 150.000 Harkis ont été sauvagement torturés ou mis à mort par le FLN socialiste et ses complices dans les semaines qui ont suivi le soi-disant cessez-le-feu.»

Pétition en ligne

L’hebdomadaire Valeurs Actuelles a décidé de matérialiser son indignation en mettant en ligne une pétition. Il reproche notamment à François Hollande de céder à l’Algérie : «En commémorant le 19 mars 1962, François Hollande, en plus de jeter le voile noir de l’oubli sur les souffrances d’une partie de ses compatriotes, poursuit sa démarche de repentance vis-à-vis de l’Algérie, qui célèbre le 19 mars comme une victoire et exige que ne soit reconnue qu’une seule catégorie de victimes.» La pétition a notamment été signée par le député LR de la Drôme Hervé Mariton et Denis Fadda, président de France-Afrique.

François Hollande poursuit sa démarche de repentance vis-à-vis de l’Algérie

Plusieurs associations se sont jointes au mouvement. L’Union nationale des combattants (UNC) combat farouchement le choix de cette date. «Respectueuse du souvenir des 535 soldats Français morts après ce “cessez-le-feu”, des milliers de pieds-noirs et de musulmans fidèles à la France massacrés après cette date notamment à Oran le 5 juillet 1962, des harkis et des supplétifs de l’armée Française, abandonnés sans armes et pourchassés au delà du 19 mars, l’UNC refuse de participer à cette commémoration qui fait fi de toutes ces victimes et elle invite ses adhérents à refuser de participer à ces cérémonies» a-t-elle fait savoir.

Les groupes représentants les harkis digèrent mal l’affaire. Le Collectif national harkis rapatriés français d’Algérie appelle à manifester samedi à 13H30 devant le mémorial du camp de Rivesaltes (Pyrénées-Orientales). Ses membres souhaitent que François Hollande accepte de reconnaître officiellement «les responsabilités des gouvernements français dans l’abandon des Harkis, le massacre de ceux restés en Algérie et les conditions d’accueil des familles transférées de nuit dans des Camps en France».

Hocine Louanchi, coordinateur du Rassemblement militant de la cause harkie déclare que cette manifestion se fera «pour l’honneur de nos parents, pour notre reconnaissance et pour une loi de réparation sans cesse promise et jamais votée.»

Du côté de la gauche et du gouvernement, on se fait plutôt discret... pour l'instant.