France

Une Marianne « noire » ne symbolise pas la République

Le maire de la petite ville de Frémainville dans le Val-d’Oise va retirer la Marianne noire qui ornait l’hôtel de ville depuis 16 ans. Il estime que le buste dont la peau est noire « ne représente pas la République française ».

Marcel Allègre, maire de la commune de Frémainville dans le Val d’Oise au nord de la France, a confié au quotidien Le Parisien que « cette sculpture noire était une Marianne de la liberté, pas une Marianne de la République. Elle représente certes quelque chose, mais pas la République ».

Elu en mars de l’année dernière, Marcel Allègre, a commandé une nouvelle statue pour la mairie mais on ne sait pas encore de quoi elle aura l’air. Les statues de Marianne, incarnation de la République française, personnifient la liberté et la démocratie et sont innombrables dans le pays. Elles restent incontournables dans les hôtels de ville et dans les tribunaux. Elle est représentée sous les traits d’une jeune femme blanche portant une casquette phrygienne.

Depuis la Révolution française beaucoup de villes ont érigé des statues à ce symbole de la liberté. Une des Marianne les plus connues figure sur La Liberté guidant le peuple, le chef-d’œuvre du peintre français Eugène Delacroix

Même si Marianne est considérée comme un symbole national, il n’y a pas de législation officielle sur la façon dont le symbole français de la liberté doit être représenté. Récemment, des statues représentant une Marianne à peau noire ont fait leur apparition. On peut en trouver une à Frémainville, ville de 495 habitants. Cette commune fut la première à accueillir cette œuvre d’art aux traits africains. Elle trônait depuis 1999 dans la salle des mariages et du conseil de l’hôtel de ville.

« L’expulsion » de cette Marianne noire a provoqué l’indignation chez les groupes qui défendent les droits des minorités du pays. « Soit nous vivons dans une République blanche et raciale, et Marcel Allègre a raison, soit nous vivons dans une République de la diversité, et le maire de Frémainville a tort, » a déclaré Thiaba Bruni, la porte-parole du Conseil Représentatif des Associations Noires de France (CRAN).

L’organisation a reconnu qu’elle avait porté plainte officiellement pour réclamer des sanctions à l’encontre du maire de Frémainville. Le CRAN a aussi appelé l’Association des Maires de France à prendre pour Marianne des « femmes noires, arabes et asiatiques ».

Le retrait de cette Marianne noire a enflammé les réseaux sociaux. « La première Marianne noire de France à Frémainville (Val-d’Oise) sera retirée par le nouveau maire…C’est stupide, » a twitté @briens6.

« Je la connais, elle est très belle. C’est dommage de faire ça, en particulier dans cette période troublée », a commenté René sur le site du Parisien.

Mais certains utilisateurs du site web du quotidien ont soutenu l’expulsion de cette Marianne noire. «  Il faut arrêter de massacrer les symboles de notre histoire au nom du multiculturalisme », a commenté JJ.

« Blanche ou noire, et pourquoi pas jaune, notre MARIANNE a toujours été blanche parce que nous sommes en France et jusqu’à preuve du contraire, c’est un pays blanc », a ajouté Freddy.

Pour l’ancien maire de Frémainville, Maurice Maillet, « cette Marianne noire, c’était le symbole de Frémainville ».

On trouve une autre Marianne noire dans la ville de Bobigny, au Nord-Est de Paris. Elle a toute les caractéristiques des statues de femmes africaines : les traits du visage négroïdes, les seins et le ventre protubérants.