France

La ministre de la Justice Christiane Taubira a démissionné

L'Elysée a publié le 27 janvier un communiqué annonçant la démission de la ministre de la Justice remplacée par le député du Finistère, Jean-Jacques Urvoas. En cause : un différent trop profond sur la déchéance de la nationalité.

«Madame Christiane Taubira, garde des Sceaux, ministre de la Justice, a remis ce 27 janvier sa démission au président de la République qui l'a acceptée. Ils ont convenu de la nécessité de mettre fin à ses fonctions au moment où le débat sur la révision constitutionnelle s'ouvre à l'Assemblée nationale».

C'est en ces termes que l'Elysée a annoncé la démission de la garde des Sceaux mais en réalité le départ de Christiane Taubira aurait été actée dès le 23 janvier, avant même le départ en Inde de François Hollande pour une visite officielle, a-t-on appris mercredi auprès de l'entourage du chef de l'Etat.

Qui est Jean-Jacques Urvoas ?

Proche de Manuel Valls, son remplaçant, Jean-Jacques Urvoas, est l'actuel président de la Commission des lois de l'Assemblée nationale.

Jean-Jacques Urvoas «portera, aux côtés du Premier Ministre, la révision constitutionnelle et préparera le projet de loi renforçant la lutte contre le crime organisé et la réforme de la procédure pénale», indique l'Elysée.

Député du Finistère, âgé de 54 ans, brillant, souvent caustique, Jean-Jacques Urvoas est un spécialiste du droit constitutionnel. Il s'est distingué en accédant à la présidence de la puissante commission des Lois en juillet 2012, cinq ans seulement après être entré au Palais Bourbon où il avait été élu député en 2007 pour la première fois. Il présidait également la délégation parlementaire au renseignement.

Soutien actif à Dominique Strauss-Kahn, qu'il avait comparé, lors de l'affaire du Sofitel, à Joseph, le personnage biblique injustement persécuté, Jean-Jacques Urvoas a soutenu François Hollande lors de la primaire socialiste de 2011. Il se rapproche ensuite de Manuel Valls, avec qui il partage le même intérêt pour les questions de police et de renseignement.

Secrétaire national du PS à la sécurité en 2009, il ferraille avec la majorité de l'époque sur ces thèmes, prônant ainsi la suppression de la préfecture de police de Paris, qu'il considérait comme une «hérésie juridique qu'il est urgent d'abolir».

Lors des assassinats commis par Mohamed Merah, en mars 2012, il s'interroge dans un tweet sur l'action du Raid qui n'est «pas capable en 30 heures d'aller chercher un homme seul dans un appartement», avant de faire son mea culpa et de rendre hommage au commando. Mais il continuera à souligner les défaillances humaines dans cette affaire, en particulier de la part des services de renseignement.

Auteur en 2013 d'un rapport parlementaire sur l'activité de ces services, il fut ensuite le rapporteur de la loi sur le renseignement adoptée après les attaques contre Charlie Hebdo et l'Hyper Cacher de Vincennes. Il s'était d'ailleurs à cette occasion opposé à Christiane Taubira sur la question du renseignement pénitentiaire.

Un partenaire pour Valls et pour la réforme constitutionnelle

Manuel Valls doit défendre mercredi matin devant la commission des lois de l'Assemblée nationale la réforme constitutionnelle voulue par François Hollande après les attentats de novembre. Celle-ci prévoit la constitutionnalisation de l'état d'urgence, décrété le 13 novembre et dont l'exécutif envisage par ailleurs la prolongation pour trois mois, ainsi que l'inscription dans la Constitution de la déchéance de la nationalité pour les binationaux nés Français et condamnés pour des crimes terroristes.

Mais ce dernier point suscite une forte opposition, notamment à gauche, et l'exécutif envisage de retirer la référence à la binationalité du projet de loi constitutionnel.

Opposée à ce projet, l'ex-députée de Guyane s'est dite fière de son action place Vendôme depuis 2012. Elle a notamment fait adopter au parlement la loi ouvrant le mariage aux couples de même sexe.