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Grève chez Radio France : la brouille continue

Troisième semaine de grève chez Radio France et les discussions sont toujours dans l’impasse, alors qu’on apprend que son président serait un habitué des dépenses en conseil et autres travaux. L’opposition et la cour des comptes montent au créneau.

A chaque mercredi, jour de parution du Canard enchainé, son lot de révélations sur les dépenses supposées de Mathieu Gallet. Cette fois, il s’agit de sa gestion du temps où il était la tête de l’Institut National de l’Audiovisuel (INA).

Aujourd’hui, ce sont des dépenses réalisées lorsque l’actuel président du groupe Radio France était en charge de l’INA de 2010 à 2014. Selon l’hebdomadaire satirique, il aurait dépensé plus de 800 000 euros en missions de conseil, en faisant appel à plusieurs cabinets sans mise en concurrence. D’importants travaux de rénovation et décoration de ses deux bureaux auraient coûté la bagatelle de 125 000 euros.

Mathieu Gallet a réagi à ces accusations en déclarant que les contrats ont été passée «selon les procédures en vigueur». Ce dernier a donc décidé de porter plainte contre le Canard enchaîné qualifiant d’«allégations diffamatoires» les accusations de l’hebdomadaire.

La grève dans la radio de service public en était à son 14ème jour hier, alors que chacun campe sur ses positions : les syndicats ne veulent pas entendre parler du plan de suppressions d’emploi, tandis que la direction tente de faire des concessions pour tenter d’apaiser les employés grévistes.

Mathieu Gallet a envoyé ce matin au ministère de la Culture et au CSA son plan stratégique pour Radio France, suite à la convocation de la Ministre de la culture Fleur Pellerin la semaine dernière. Le porte-parole du gouvernement Stéphane Le Foll a indiqué que le président du groupe de radio de service public était de nouveau convoqué au ministère afin de détailler son plan d’action. Ce projet pour Radio France sera l’objet de discussions avec les syndicats lors d'un comité central extraordinaire, dont la date doit encore être déterminée.

C’est en 2012 que les ennuis financiers démarrent chez Radio France, quand l’Etat a commencé à réduire ses financements. Depuis les déficits s’accumulent, 21,5 millions d’euros présumés pour l’année en cours, et jusque 50 millions d’euros en 2019 si aucune réforme n’est engagée d’ici-là.

L’opposition, plutôt discrète sur le dossier jusque maintenant a appelé par la voix du président de l’UMP  à dénoncer «le scandale de la grève à Radio France à un moment où 43 millions de Français vont voter». Le parti d’opposition condamne également le manque de transparence du système de désignation du poste de président du groupe : «les candidats ne sont pas connus, les auditions sont à huis clos».

Mais surtout ils attribuent les problèmes actuels de Radio France au gouvernement en place, qui aurait rogné sur le budget de l’audiovisuel pour l’attribuer à d’autres postes. En somme, «l’Etat crée une crise et utilise Mathieu Gallet comme bouc émissaire» résume Franck Riester, député  spécialiste de l’audiovisuel.

Dans la journée paraitra le rapport de la cour des comptes concernant la gestion de Radio France. On connait d’ores et déjà les grandes pistes proposées par le document : la fusion des rédactions de France Inter, France Info et France Culture, ainsi que la fusion des deux orchestres symphoniques. Deux mesures choc qui ne manqueront pas de faire réagir les employés grévistes.

Selon un rapport préalable, la cour des comptes fustige «la rigidité des coûts de fonctionnement» de Radio France, qui «devra en tout état de cause réaliser un effort très significatif d’économies structurelles».