Le parti de Marine Le Pen a réussi une belle percée, avec 62 élus contre un seul auparavant et continue son enracinement local, un an après l’arrivée de 11 maires frontistes lors des élections municipales de mars 2014. Ce résultat historique place le parti d’extrême droite dans de bonnes conditions pour les élections régionales de décembre 2015, le mode de scrutin leur étant plus favorable.
Marine Le Pen déplore cependant les «alliances républicaines» de l’«UMPS» et le «mode de scrutin inique» qui a vu son dessein de remporter quelque département réduit à néant malgré les bons scores réalisés dans l’Aisne et le Vaucluse lors du premier tour. La patronne du FN note «une étape cruciale pour le mouvement patriote sur le chemin du pouvoir».
Le Vaucluse était le département le plus susceptible de tomber dans l’escarcelle du FN mais Marion Marechal-Le Pen, nièce de la présidente frontiste, a annoncé dimanche soir que le Front National ne réunissait pas de majorité absolue, gauche et droite réunissant six cantons chacun.
L’UMP et ses alliés du centre sont les grands vainqueurs de ce second tour de scrutin des élections départementales. Ils prennent le contrôle de 64 départements avec plus de 1 150 élus.
Brice Hortefeux déclarait ce matin sur Radio Classique que la victoire de l’UMP est due «à l’engagement personnel de Nicolas Sarkozy». Le nouveau président de l’UMP s’est en effet félicité de la victoire historique de son parti en soulignant que «la droite républicaine et le centre ont nettement remporté les élections départementales» et «jamais notre famille politique n'avait gagné autant de départements».
Le Parti socialiste subit ici sa plus grande défaite depuis 1992. Il n’y a pas eu le sursaut espéré pour éviter la débâcle, et le parti au pouvoir perd par conséquent la moitié de ses départements. Le PS pointe du doigt le manque d’unité de son camp pour expliquer sa défaite cuisante.
La défaite est rude pour l’exécutif, qui voit de nombreux départements emblématiques lui échapper, en particulier, la Corrèze, terre électorale du président François Hollande, ainsi que l’Essonne, bastion du Premier ministre Manuel Valls.
Le Premier secrétaire du PS Jean-Christophe Cambadélis admet que "le Parti socialiste recule nettement» mais refuse de qualifier cette défaite de «débâcle».
Manuel Valls a concédé un «net recul de la gauche», «trop divisée». Il a également parlé d'un «bouleversement durable» du paysage politique en pointant «les scores très élevés, beaucoup trop élevés, de l'extrême droite». Le Premier ministre a promis que le gouvernement «redoublera d'énergie, avec comme priorité l'emploi, l'emploi, l'emploi».
Le Parti Communiste déplore la perte de l’Allier au bénéfice de la droite, tandis qu’il conserve le Val-de-Marne fief historique de George Marchais, désormais seul département communiste en France.
Il reste cinq territoires où une majorité ne se dégage pas. Il s’agit de l’Aisne, du Gard, du Pas-de-Calais, du Tarn-et-Garonne et du Vaucluse. Pour ces départements indécis, l'élection des présidents des conseils départementaux – aussi qualifié «troisième tour» - jeudi prochain promet de vifs débats.
Hollande avait annoncé dans le magazine Challenges avant même le début des élections qu’«il n’y aura pas de changement» de cap dans sa politique. Selon Jacques Sapir, expert en économie et directeur de l’EHESS, cela «pose un problème dans la mesure où le gouvernement a été largement désavoué».
Jacques Sapir, qui fournit son analyse a RT France, pense que «le parti socialiste va essayer de prendre un virage dans les mots à gauche mais il ne changera pas» ce qui aura pour conséquence «une situation qui va continuer à se dégrader d’ici les élections régionales» qui pourrait «nourrir une abstention très forte» et «provoquer des désordres dans la rue extrêmement importants dans la mesure où les gens qui ont voté auraient le sentiment de ne pas être entendus».