France

Projet Notre-Dame-des-Landes : 20 000 manifestants bloquent le périphérique de Nantes (VIDEO)

Des dizaines milliers de piétons, des centaines de tracteurs et de cyclistes ont bloqué le périph de Nantes, le 9 janvier, réclamant l'abandon des procédures d'expulsion contre 11 familles et 4 agriculteurs sur le site de Notre-Dame-des-Landes.

Derrière une banderole «Ni expulsions ni procès», les manifestants se sont rassemblés au son des tambours sur le pont de Cheviré, qui enjambe la Loire, en aval du centre-ville de Nantes. 

A 14h30 (locales), la manifestation rassemblait 20 000 personnes selon les organisateurs, tandis que la police parlait de 7 200 personnes. L'Acipa, l'une des principales associations d'opposants au projet d'aéroport, comptait 10 000 participants et 400 tracteurs.

«La mobilisation paysanne est au rendez-vous au-delà des espérances», a commenté Julien Durand, porte-parole de l'Acipa, la principale association d'opposants au projet d'aéroport nantais. «C'est à François Hollande aujourd'hui de prendre acte de la mobilisation extraordinaire à Nantes [...]. Il faut que le processus (judiciaire) des expulsions s'arrête avant mercredi», a-t-il déclaré à l'AFP.

Cette «démonstration de force» vise à faire «plier» le gouvernement, quatre jours avant une audience judiciaire, lors de laquelle Aéroports du Grand Ouest (AGO), filiale du groupe Vinci et concessionnaire du futur aéroport de Notre-Dame-des-Landes, compte demander l'expulsion immédiate d'une quinzaine de personnes qui habitent sur le site prévu pour le projet de nouvel aéroport, assortie d'une astreinte journalière de 200 à 1 000 euros et d'une mise sous séquestre de leurs biens et cheptels s'ils n'obtempèrent pas.

Un premier convoi, composé de quelque 200 cyclistes et d'une dizaine de tracteurs, est parti vers 9h00 du bourg de Notre-Dame-des-Landes, à une vingtaine de kilomètres au nord de la ville, équipé de drapeaux et de pancartes sur lesquelles on pouvait lire «Non aux expulsions» ou encore «Oui aux paysans».

Au mégaphone, les organisateurs ont appelé les participants à «bloquer le périph dans la bonne ambiance» en évitant, par exemple, de s'en prendre à la signalisation routière. Ils ont annoncé un ordre de dispersion à partir de 15h30.

Ce premier convoi a récupéré plusieurs centaines d'autres manifestants sur la «Zone d'aménagement différé», la fameuse «ZAD» rebaptisée «Zone à défendre» par les opposants au projet d'aéroport, qui sont environ 200 à vivre sur place en pleine nature dans des logements de fortune. Des manifestants cagoulés ont pris place dans des remorques de tracteurs.

Quatre autres convois de tracteurs et de piétons ont prévu de converger vers le périphérique nantais, puis vers le sud du pont de Cheviré, où doit se tenir un «grand banquet».

Le trafic était fortement perturbé sur le périphérique, de même que les accès à l'aéroport de Nantes-Atlantique. La préfecture, qui n'a pas interdit la manifestation, recommande de différer et de limiter les déplacements tout en privilégiant les transports en commun.

La manifestation ne devrait pas gagner le centre-ville de Nantes, un «choix délibéré» des organisateurs. De précédents rassemblements, notamment en 2014, avaient donné lieu à des affrontements entre certains manifestants radicaux et les forces de l'ordre.

«L'objectif est d'interpeller François Hollande pour obtenir l'annulation des procédures d'expulsion», explique à l'AFP «Camille», un jeune homme qui utilise ce prénom unisexe afin de protéger l'identité des «zadistes». 

Cette nouvelle mobilisation des opposants à l'aéroport, engagés depuis 15 ans dans un bras de fer judiciaire en parallèle à l'occupation du terrain, intervient plus de deux mois après l'annonce, le 30 octobre, d'une relance «pour 2016» du chantier, après la validation par le tribunal administratif de Nantes des arrêtés préfectoraux autorisant le début des travaux.

Du côté des partisans du projet, l'association «Des Ailes pour l'Ouest» fait valoir qu'à la différence de la quinzaine d'occupants menacés d'expulsion, 260 autres habitants ont accepté les procédures d'indemnisation. «Cette manifestation en plein état d'urgence est une véritable provocation de gens qui refusent les décisions démocratiques et les décisions de justice», accuse dans un communiqué Alain Mustière, le président de l'association.

Le transfert de l'actuel aéroport de Nantes-Atlantique, au sud de l'agglomération, vers le site de Notre-Dame des Landes, devait initialement s'achever en 2017 avec l'inauguration de la nouvelle infrastructure.

Les opposants à l'aéroport ont appelé à des rassemblements de soutien ailleurs en France le 9 janvier, notamment à Strasbourg, Toulouse, Lille, Narbonne ou Mâcon.

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