Un an après la tuerie qui a fait douze morts au siège de Charlie Hebdo, l’hebdomadaire a décidé de s’en prendre à nouveau à sa victime fétiche : la religion. Le personnage représentant Dieu, kalachnikov en bandoulière, adossé à un lapidaire «un an après, l’assassin court toujours» ne fait pas rire tout le monde, surtout chez les représentants du monde religieux. Après le président du Conseil français du culte musulman (CFCM), Anouar Kbibech, qui s’est dit «blessé» par cette une, c’est au tour du Vatican d’émettre des critiques.
Le quotidien du Vatican allume Charlie
L’organe de presse du Saint-Siège s’est montré très virulent contre son homologue satirique. Il a notamment critiqué l’omission de Charlie Hebdo de rappeler que de nombreux dignitaires religieux ont condamné la violence au nom de la religion.
«L'épisode n'est pas une nouveauté : derrière le drapeau trompeur d'une laïcité sans compromis, l'hebdomadaire oublie encore une fois ce que tant de dirigeants religieux de toutes appartenances ne cessent de répéter pour rejeter la violence au nom de la religion : utiliser Dieu pour justifier la haine est un véritable blasphème, comme l'a dit à plusieurs reprises le pape François», affirme L'Osservatore Romano dans son édition parue mardi.
Le quotidien du Vatican a pointé du doigt l’hypocrisie ambiante : «Dans le choix de Charlie Hebdo, il y a le triste paradoxe d'un monde de plus en plus attentif au politiquement correct au point de frôler le ridicule, mais qui ne veut ni reconnaître ni respecter la foi en Dieu de tout croyant, quelle que soit sa religion.»
Le journal prend d’ailleurs l’exemple d’Anouar Kbibech qui a estimé que cette caricature «blesse tous les croyants des diverses religions» et n'aide pas à la cohésion de la société française en un moment difficile.
Le pape s’était exprimé sur le sujet
L’année dernière, alors que les discussions sur la liberté de blasphémer battaient leur plein, le pape François avait donné son avis sur le sujet. Alors qu’il revenait des Philippines, il avait estimé que la liberté religieuse comme la liberté d'expression étaient deux valeurs inaliénables. Avant de rappeler, à sa façon, que cette dernière ne donnait aucun droit à insulter la foi d’autrui : «Si un ami dit un gros mot sur ma mère, il doit s'attendre à recevoir un coup de poing.»
Le numéro de Charlie Hebdo de mercredi devrait être tiré à près d’un million d’exemplaires. Des dizaines de milliers seraient à destination de l’étranger.