Après une décennie de croissance ininterrompue, l’apprentissage marque le pas. Entre janvier et fin octobre, près de 769 000 contrats ont été signés dans le public et le privé, soit une baisse de 4,4 % par rapport à 2024. Une évolution confirmée par le ministère français du Travail, qui anticipe un recul annuel de 3 % à 4 %.
Ce ralentissement s’explique par les restrictions budgétaires engagées depuis trois ans et appelées à se renforcer, suscitant des interrogations sur l’avenir de ce pilier de l’insertion professionnelle des jeunes.
La tendance tranche avec les années fastes qui ont suivi la réforme de 2018 portée par Emmanuel Macron et sa ministre du Travail, Muriel Pénicaud. En simplifiant le système et en renforçant massivement les aides aux entreprises, l’exécutif avait provoqué un véritable essor de l’apprentissage, dont le nombre de contrats avait triplé en dix ans, culminant à 890 000 en 2024. Ce succès avait fait de l’alternance un outil central de la politique de l’emploi et de la formation.
Un dispositif trop couteux
Depuis la réélection du chef de l’État, le cap a toutefois changé. Les gouvernements successifs ont jugé le dispositif trop coûteux et porteur d’effets d’aubaine. Les subventions aux entreprises ont été réduites, tandis que les centres de formation des apprentis (CFA) ont vu leurs financements pédagogiques diminuer.
Si certains experts estiment que le système reste solide et que la baisse actuelle demeure contenue, d’autres alertent sur les effets différés de ces coupes, qui pourraient se faire sentir dès 2026, avec des risques de fermetures de CFA et de jeunes laissés sans solution.
Les organisations patronales et les acteurs de l’apprentissage multiplient les mises en garde, redoutant des « coups de rabot » trop brutaux. Malgré les assurances du ministre du Travail, Jean-Pierre Farandou, la crainte d’un affaiblissement durable de l’apprentissage s’installe, au moment même où les besoins en compétences et en insertion des jeunes restent élevés.