Avec 28 161 agents recensés en 2023, en hausse de 45 % depuis 2012, les polices municipales s’imposent désormais comme une « troisième force » de l’ordre, derrière la police nationale et la gendarmerie.
À trois mois des élections municipales, leur rôle, leurs missions et leurs moyens sont devenus un enjeu politique central. Armement, articulation avec les forces de l’État, financement et doctrine d’emploi cristallisent les débats, alors que le gouvernement entend faire adopter rapidement un projet de loi élargissant leurs prérogatives.
Vers l'utilisation de drones ?
Le texte prévoit notamment l’expérimentation de l’usage de drones et l’octroi d’une compétence judiciaire élargie pour constater de nouveaux délits, comme la conduite sans permis ou les outrages sexistes. Si le Conseil d’État a mis en garde contre le risque d’un droit pénal « à géométrie variable », l’Association des maires de France salue un projet respectueux de la libre administration des collectivités. Hors de question, pour elle, d’un commandement unifié plaçant les polices municipales sous tutelle de la police nationale.
Cette montée en puissance nourrit toutefois des tensions. Les commissaires redoutent une concurrence accrue et plaident pour une coordination renforcée sous l’autorité du préfet. Côté élus, la pression des administrés pousse souvent à élargir les missions des policiers municipaux, parfois au risque de « faire trop faire » à ces forces locales. Le débat traverse aussi la gauche, divisée sur l’armement des agents, entre opposition de principe et pragmatisme face à la dégradation de la sécurité dans certains territoires.
En toile de fond se pose la question du désengagement de l’État. La progression rapide des budgets communaux consacrés aux polices municipales, 2,28 milliards d’euros en 2024, illustre un transfert de charge croissant. La mutualisation des moyens avec l’État, séduisante en théorie, se heurte à des réalités complexes, comme à Nice, où le futur hôtel des polices symbolise autant l’ambition de coopération que les frictions budgétaires persistantes.