Alors que Pierre Moscovici s’apprête à quitter la présidence de la Cour des comptes fin décembre, l’institution souligne les avancées de son projet JF2025, tandis que le Premier président sortant multiplie ses critiques virulentes envers le RN et Jean-Luc Mélenchon.
Pierre Moscovici, en poste depuis 2020 rue Cambon, a présenté le 17 décembre un bilan élogieux de sa présidence, marquée par le projet JF2025. Ce plan de transformation aurait rendu la Cour « plus agile, plus visible et plus ouverte sur la société », selon ses propres termes.
Parmi les réalisations phares : la publication intégrale des rapports, dont le nombre annuel est passé de 35 à 180, soit environ un par jour ouvré. « Lorsque je l’ai rejointe en tant qu’auditeur dans les années 1980, un seul rapport était publié par an », a-t-il rappelé, revendiquant la transparence et la confiance publique.
Malgré des résistances internes, des magistrats regrettant une « saturation de la communication » et une baisse de qualité sous la pression quantitative, Pierre Moscovici défend ces réformes. Elles ont renforcé le rôle de « tiers de confiance » de l’institution, avec une plateforme citoyenne recueillant plus de 1 000 propositions de contrôles en 2025.
Lauriers institutionnel et flèches politiques
Le rapprochement avec les chambres régionales (CRTC), la modernisation des jugements financiers et une gestion des ressources humaines présentée comme « plus inclusive » ont aussi été salués. « Nous sommes désormais une institution plus ouverte aux citoyens et à leurs préoccupations », fanfaronne-t-il dans un document interne.
Au-delà du bilan, Pierre Moscovici profite de ses interventions médiatiques pour alerter sur ce qu’il décrit comme des menaces « insidieuses » liées à un « illibéralisme croissant », susceptible, selon lui, de fragiliser les institutions. Invité au Grand Jury RTL-Public Sénat-Le Figaro-M6 le 21 décembre, il a qualifié Jean-Luc Mélenchon de « meilleur allié » du Rassemblement national (RN) pour la présidentielle 2027.
« Jean-Luc Mélenchon ne peut pas gagner, il serait écrasé », a-t-il déclaré, évoquant un déséquilibre électoral basé sur des sondages — qu’il ne cite pas — donnant 10 % à La France insoumise contre 35 % au RN
L’ancien ministre socialiste dénonce les positions de Jean-Luc Mélenchon qu’il accuse notamment d’antisémitisme, estimant qu’un duel Mélenchon-Le Pen ou Bardella mènerait inévitablement à la victoire du RN.
Il loue en revanche Raphaël Glucksmann comme potentiel rassembleur de la gauche modérée, tout en regrettant l’éclatement des partis et la fin du front républicain. Son successeur pressenti, Rémy Rioux, également proche des réseaux socialistes, devra affronter ces « vents mauvais » pour préserver l’indépendance de la Cour.