France

Entre Nicolas Sarkozy et le RN, les signes d’un rapprochement inattendu

Nicolas Sarkozy adopte un ton plus conciliant à l’égard du Rassemblement national. Il rompt avec le principe du front républicain et reconnaît la place durable du RN. Ce réchauffement symbolise une recomposition profonde de la droite française.

Longtemps, la frontière entre Nicolas Sarkozy et le Rassemblement national a semblé infranchissable. L’ancien président de la République s’était toujours inscrit dans une droite dite « républicaine », revendiquant une ligne ferme sur l’autorité et l’immigration, mais refusant toute alliance ou complaisance avec l’extrême droite. Or, depuis plusieurs mois, une évolution sensible de son discours intrigue et bouscule les repères traditionnels de la vie politique française.

Ce réchauffement se manifeste d’abord par les mots. Dans ses prises de parole récentes, Nicolas Sarkozy a cessé de diaboliser le RN et ses électeurs, estimant qu’ils ne pouvaient plus être tenus à l’écart du jeu politique.

En affirmant qu’il ne participerait plus à un « front républicain » automatique contre le parti de Marine Le Pen, l’ancien chef de l’État rompt avec une pratique longtemps considérée comme un dogme à droite. Cette inflexion, assumée, marque une rupture symbolique forte avec la ligne qu’il défendait encore lorsqu’il était à l’Élysée.

Vers une fameuse union des droites ?

Au-delà des déclarations, le changement de climat est également perceptible dans les rapports politiques. Le RN ne cache plus son intérêt pour cette évolution, y voyant une forme de reconnaissance tardive. Certains cadres du parti saluent un discours qu’ils jugent plus réaliste, quand d’autres y lisent la confirmation de leur stratégie de normalisation.

De son côté, Nicolas Sarkozy ne parle pas d’alliance, mais insiste sur la nécessité d’un rassemblement large, laissant entendre que l’exclusion systématique du RN serait désormais contre-productive.

Ce rapprochement étonne d’autant plus qu’il intervient dans un contexte de recomposition profonde de la droite française. Affaiblie électoralement, divisée idéologiquement, elle cherche un nouveau souffle. En adoptant une posture plus conciliante envers le RN, Sarkozy semble acter un déplacement du centre de gravité politique et reconnaître l’ancrage durable de l’extrême droite dans le paysage électoral. Une évolution qui suscite malaise et débats chez Les Républicains, partagés entre fidélité à l’héritage gaulliste et tentation d’un rapprochement stratégique.

Sans constituer une alliance formelle, ce réchauffement entre l’ancien président et le RN traduit un basculement des lignes politiques. Il révèle surtout combien les frontières idéologiques, autrefois étanches, se recomposent sous la pression des urnes et du temps.