Vendredi 19 décembre, sept députés et sept sénateurs se retrouvent en commission mixte paritaire (CMP) pour tenter d’arracher un compromis sur le projet de loi de finances pour 2026.
Une réunion décisive, à quatre jours d’un vote programmé à l’Assemblée nationale, mais dont l’issue apparaît plus incertaine que jamais. À la veille de la rencontre, plusieurs sources parlementaires confiaient qu’aucun accord préalable n’avait été trouvé, laissant planer le risque d’un échec rapide.
Le contexte est explosif. À peine le budget de la Sécurité sociale adopté, les lignes de fracture entre le Sénat et l’Assemblée se sont encore durcies. « Le vote d’un budget est éminemment politique », a reconnu le Premier ministre, Sébastien Lecornu, évoquant une « désynchronisation » préoccupante entre les deux chambres.
Deux mondes qui ne se comprennent pas
La droite et le centre, majoritaires au sein de la CMP, pourraient théoriquement imposer leur copie, mais celle-ci serait aussitôt rejetée au Palais Bourbon sans l’abstention, a minima, des socialistes et des écologistes.
Le point de départ des discussions est la version sénatoriale du budget, qui affiche un déficit public de 5,3 % du PIB. Objectif partagé : revenir sous la barre des 5 %. Problème : trouver neuf milliards d’euros d’économies ou de recettes supplémentaires.
Là où la droite plaide pour une réduction drastique des dépenses et rejette toute hausse d’impôts, la gauche réclame au contraire davantage de recettes fiscales et d’investissements publics. « Ce sont deux mondes qui ne se rencontrent pas », résume le sénateur Horizons Emmanuel Capus.
Les positions semblent figées. Plusieurs membres de la CMP doutent même de l’utilité de la réunion, certains évoquant un échange expéditif destiné à constater l’échec. En coulisses, les rapporteurs LR Jean-François Husson et Philippe Juvin ont multiplié les tractations, soutenus par un exécutif officiellement absent de la CMP mais très actif en amont. Sans succès tangible jusqu’ici.
Faute d’accord, l’exécutif se prépare à un plan de secours : une loi spéciale, permettant de reconduire temporairement les recettes et les dépenses de l’État. Une solution juridiquement sûre mais politiquement coûteuse, qui repousserait les arbitrages budgétaires à début 2026. Un scénario redouté par des parlementaires déjà épuisés, à l’approche des municipales de mars.
La CMP de vendredi s’apparente donc à un test de vérité. Soit un compromis minimal émerge, soit le budget de l’État s’enlisera, laissant l’Assemblée trancher seule, comme un ultime boomerang d’une fin d’année parlementaire sous tension.