France

Concours enseignants 2026 en France : un afflux de candidats qui masque de fortes incertitudes

En France, les inscriptions aux concours enseignants de 2026 explosent grâce à l’ouverture au niveau bac + 3. Cette hausse est à relativiser en raison des doubles inscriptions et des incertitudes sur les profils. Les besoins réels pour la rentrée 2026 restent flous, notamment à cause des contraintes budgétaires.

À première vue, les chiffres des inscriptions aux concours de recrutement de l’éducation nationale pour 2026 ont de quoi rassurer. Avec près de 266 000 candidatures enregistrées début décembre, le nombre de prétendants aux métiers de l’enseignement bondit de 46,3 % en un an. Le ministre de l’Éducation nationale, Édouard Geffray, y voit un signal encourageant, soulignant notamment le doublement des inscriptions aux concours externes, essentiels pour pourvoir les postes vacants.

Ce regain s’explique toutefois largement par un contexte exceptionnel. La réforme des concours, qui entre en vigueur en 2026, permet désormais de se présenter dès le niveau bac + 3, contre bac + 5 auparavant.

Pour cette phase transitoire de deux ans, les concours à bac + 3 et bac + 5 coexistent, ouvrant la porte à un public beaucoup plus large : étudiants de licence, de master 1 et de master 2. Un effet mécanique qui gonfle les statistiques, d’autant que le ministère n’a pas précisé l’ampleur des doubles inscriptions, pourtant estimées massives par les responsables des Inspé (instituts nationaux supérieurs du professorat et de l’éducation).

Une réforme qui ne règle pas tous les problèmes

Si certaines disciplines et académies en tension, comme Créteil, Versailles, les mathématiques ou les lettres modernes, enregistrent une hausse spectaculaire des candidatures, le niveau global reste à peine supérieur à celui de 2021, avant l’effondrement observé en 2022.

Surtout, la réforme introduit une double complexité. Les lauréats bac + 5 seront immédiatement en classe comme professeurs stagiaires, tandis que ceux recrutés à bac + 3 suivront deux ans de formation, sauf exceptions. Résultat : la capacité réelle à pourvoir les besoins dès la rentrée 2026 dépendra étroitement du profil des reçus, encore inconnu.

À cela s’ajoute une hausse importante du nombre de postes ouverts, notamment au concours bac + 3, et une répartition variable selon les territoires. Les syndicats redoutent un déficit persistant de stagiaires dans les académies les plus fragiles. Enfin, l’incertitude budgétaire plane : sans vote du budget créant les postes supplémentaires, l’organisation même du concours pourrait être compromise. Derrière l’embellie statistique, l’équation du recrutement reste donc loin d’être résolue.