France

«La France à la veille d’un changement de régime», avertit Nicolas Sarkozy

Dans un long entretien accordé à un hebdomadaire, l’ancien président français a notamment dressé le constat d’une société à l’aune d’un potentiel «changement de régime», dans un pays où la violence est «une caractéristique».

« La situation est grave, car, depuis près de soixante-dix ans, les conditions d'une explosion ont rarement été à ce point réunies dans notre pays. » Dans un long entretien à l’hebdomadaire Le Point, publié le 9 décembre à la veille de la sortie de son livre, « Le journal d’un prisonnier » (éd. Fayard), l’ancien président français (2007 2012) a tiré le signal d’alarme sur la situation dans son pays.

« Si on observe l'Histoire, on peut se dire que nous sommes à la veille de ce qu'on appellera un changement de régime », a enchaîné l’ancien chef d’État avant d’ajouter : « on peut le souhaiter ou le redouter. » « Les siècles passés nous ont montré que, chez nous, les changements de régime ne se sont jamais faits sans violence. Cette violence est même une caractéristique de notre pays », a-t-il encore déclaré alors qu’il était interrogé quant à la situation « très préoccupante » que traverserait son pays.

« Quand le moment viendra, chacun d'entre nous devra apporter sa pierre à la reconstruction. Pour ma part, ce sera en inventant un rôle que je n'ai pas eu jusqu'à présent », a-t-il assuré. Quant à une éventuelle candidature lors des prochaines élections présidentielles prévues en 2027, « techniquement, vous le savez bien, la réponse est non », a répondu Nicolas Sarkozy en renvoyant à la peine d’inéligibilité de cinq ans à laquelle il a — entre autres — été condamné fin septembre par le tribunal correctionnel de Paris dans l’affaire du financement présumé de sa campagne électorale de 2007 par des fonds libyens.

« Le retour à la source ne fonctionne que pour les saumons, et, comme chacun sait, ça se termine toujours mal pour eux », a-t-il insisté.

Une fonction publique pléthorique ?

Au fil de l’entretien, l’ancien président égratigne aussi la justice. Interrogé quant à la « peur » que nourriraient ses « amis politiques » à l’égard de la « République des juges », Nicolas Sarkozy y voit la preuve que « le premier pouvoir, aujourd’hui en France, n’est plus celui qui représente la souveraineté populaire », et de pointer du doigt une république où le président n’aurait « plus beaucoup » de pouvoirs. « Ce pouvoir-là est désormais empêché », a-t-il fustigé.

Revenant sur cette « souveraineté populaire » en conclusion, Nicolas Sarkozy avance ce qu’il présente comme une priorité pour sortir le pays de ce qu’il appelle une « spirale infernale » : s’attaquer à la « fonctionnarisation de la société ». « Il faut s'attaquer sans tabou au nombre des fonctionnaires, mais aussi à la durée de leur temps de travail et enfin à l'efficacité de la fonction publique », a-t-il lancé.

« Jusqu'à présent, j'ai été le seul à réduire le nombre de fonctionnaires. Songez que la France a encore créé 16 000 postes cette année et 175 000 en cinq ans ! », a-t-il poursuivi, avant d’asséner qu’il s’agirait d’« un scandale d’État ».