L’initiative inattendue du Rassemblement national (RN) relance un débat séculaire sur la prostitution en France, entre abolitionnisme et réglementation pragmatique. Fermées depuis 1946 par la loi Marthe Richard, les maisons closes pourraient renaître sous une forme moderne, sans proxénètes, pour mieux protéger les personnes concernées dans un contexte de prostitution de plus en plus jeune sous la coupe de réseaux.
Une proposition portée par le député Jean-Philippe Tanguy
La proposition est issue d'un engagement personnel selon les mots du député RN Jean-Philippe Tanguy : « je vais proposer la réouverture des maisons closes, mais tenues par les prostituées elles-mêmes, en mode coopératif ». C’est lors d'une réunion de la commission des finances de l'Assemblée nationale que le très médiatique élu issu du parti de Nicolas Dupont-Aignan a fait cette annonce.
Ce projet, dont une première mouture est prête, bénéficierait du soutien explicite de Marine Le Pen. L'élu, qui fut bénévole au Bus des femmes dans le bois de Boulogne, évoque des souvenirs marquants : « J’ai vu la précarité, la souffrance, l’horreur quotidienne que vivaient ces femmes ». À Saint-Lazare, il a aussi rencontré des prostituées fières de leur métier. Pour lui, la loi de 2016, qui pénalise les clients tout en abrogeant le délit de racolage, a empiré les choses. « Elles se font tabasser, égorger parfois, et personne n’en parle ! », dénonce-t-il, qualifiant le système actuel de « summum de l’hypocrisie bourgeoise ».
Le débat sur les maisons closes pourrait donc revoir le jour avec cette initiative. À gauche, l’ancienne députée Raquel Garrido s’est indigné de « la marchandisation sexuelle des femmes comme objectif politique ».
Dans ces coopératives imaginées, les travailleuses du sexe seraient selon ses propres mots « impératrices en leur royaume ». Jean-Philippe Tanguy envisage même de changer le nom : « Sans doute faudrait-il trouver un autre nom que maison close, qui n’a pas laissé que de bons souvenirs ».
Il a ainsi reçu le soutien de la journaliste Élisabeth Lévy qui y voit une « idée excellente », affirmant même « c'est la solution la plus sûre, la plus digne et la plus rationnelle économiquement ».
Ce terrain est inexploré au RN : en 2013, Marine Le Pen critiquait déjà la pénalisation des clients comme une « idée stupide » risquant d’augmenter les dangers, préférant lutter contre les réseaux mafieux et renvoyer les « jeunes filles dans leur pays d’origine ». Le sujet de la prostitution pourrait ainsi devenir l’un des sujets de société pour l’élection présidentielle de 2027.