France

Philippe défie l’exécutif : vers une abstention décisive sur le budget de la Sécurité sociale

Édouard Philippe recommande à Horizons de s’abstenir sur le budget de la Sécurité sociale, jugeant le texte insuffisant mais refusant de provoquer la chute du gouvernement. L’équilibre des forces rend le vote extrêmement serré, les positions écologistes, LR et Horizons pouvant être décisives.

Édouard Philippe a annoncé dans la soirée du 8 décembre qu’il recommanderait aux députés Horizons de s’abstenir lors du vote du projet de loi de financement de la Sécurité sociale. Pour l’ancien Premier ministre, le texte « ne satisfait pas » et ne peut être soutenu en l’état, même s’il refuse d’endosser un vote contre qui fragiliserait le gouvernement de Sébastien Lecornu.

Il affirme ne pas vouloir « être un artisan du chaos », tout en rappelant l’ampleur du déficit, passé de 17 à près de 26 milliards d’euros, ce qu’il juge « préoccupant pour l’avenir de la France ».

Cette abstention annoncée intervient à la veille d’un vote incertain, d’autant que Sébastien Lecornu a choisi de ne pas recourir à l’article 49.3. Le maintien du Premier ministre pourrait dépendre du scrutin, même si le gouvernement assure qu’une démission « n’aurait pas de sens ».

Pas d'animosité envers le président

Dans un paysage politique morcelé, seuls les socialistes, Renaissance, le MoDem et plusieurs groupes centristes devraient voter majoritairement pour le texte. La gauche radicale, le RN, leurs alliés et les communistes s’orientent vers un vote contre, tandis que les écologistes et une partie des non-inscrits restent hésitants. Les positions des Républicains et d’Horizons deviennent ainsi déterminantes.

Édouard Philippe a par ailleurs critiqué Emmanuel Macron, l’accusant de « défaire » dans son second quinquennat des mesures essentielles du premier. Déjà candidat déclaré pour 2027, il avait suscité la polémique après avoir appelé à une « démission ordonnée » du président.

S’il dit n’avoir « aucune animosité personnelle », il reproche à Macron la dissolution de 2024, qui aurait transformé « un pays gouvernable » en un pays « sans majorité ». Selon lui, le chef de l’État devrait peut-être « en tirer les conséquences ».

Dans un contexte de tensions institutionnelles et de fragilité parlementaire, l’abstention d’Horizons pourrait peser lourd sur l’issue du vote et sur la stabilité du gouvernement.