France

Pourquoi Macron se rend en Chine ?

Macron se rend en Chine pour demander à Xi Jinping de peser sur Moscou en faveur d’un cessez-le-feu, malgré les limites déjà constatées de cette stratégie. Les échanges porteront aussi sur le déséquilibre commercial massif entre l’Europe et la Chine et les tensions autour de Taïwan. Paris espère obtenir des gestes économiques.

Emmanuel Macron entame le 3 décembre une visite d’État de trois jours en Chine, quelques heures après avoir reçu Volodymyr Zelensky à l’Élysée. Objectif principal : convaincre Xi Jinping d’user de son influence sur Moscou pour obtenir un cessez-le-feu en Ukraine. Paris insiste depuis deux ans, en vain, sur la capacité supposée de Pékin à infléchir Vladimir Poutine.

Jean-Noël Barrot a rappelé que la Chine, membre permanent du Conseil de sécurité, « peut exercer un rôle essentiel ». Mais Pékin, tout en appelant à des négociations, reste neutre et continue d’entretenir son partenariat stratégique avec Moscou. Le président français martèlera une nouvelle fois que la Chine doit « s’abstenir de donner quelque moyen que ce soit » à la Russie.

Une visite pour rien ?

Au-delà du dossier ukrainien, les discussions porteront sur la relation économique sino-européenne, marquée par un déficit abyssal : 357 milliards de dollars pour l’UE, près de 47 milliards d’euros pour la seule France. L’Europe dénonce une concurrence faussée par les subventions massives chinoises, notamment dans l’acier et les véhicules électriques, et accuse Pékin de « racket » autour des terres rares.

Paris exige un rééquilibrage : davantage de consommation intérieure en Chine, plus de production locale en Europe. L’Élysée veut aussi attirer davantage d’investissements chinois, un défi alors que Pékin privilégie désormais la protection de sa propriété intellectuelle et l’utilisation de ses propres capacités industrielles excédentaires.

Macron cherchera également à consolider un dialogue fragile sur Taïwan. Pékin a encore exhorté Paris à respecter le principe d’« une seule Chine » après des déclarations du président français évoquant un parallèle entre la mer de Chine méridionale et l’Ukraine. Les conseillers d’Emmanuel Macron assurent qu’il encouragera un strict « statu quo » et mettra en garde contre toute escalade.

Dans un contexte de rivalités accrues entre blocs, Paris espère convaincre Xi Jinping de coopérer à la réduction des déséquilibres mondiaux avant le G7 que la France présidera en 2026. Pékin promet, lui, de « renforcer » la coopération bilatérale et la coordination multilatérale. Reste à savoir si cette visite débouchera sur des inflexions réelles, ou si elle s’ajoutera à la longue liste des tentatives européennes restées sans effet.