France

Après une évasion invraisemblable, Darmanin appelle à une réforme de la loi sur l’exécution des peines

À la suite de l’autorisation de sortie accordée à un narcotrafiquant détenu à Vendin-le-Vieil, qui s’était évadé en 2014 lors d’un transfert médical, le ministre de la Justice Gérald Darmanin propose une refonte des règles d’application des peines pour les criminels organisés. Il vise un droit spécifique inspiré de celui du terrorisme.

Le garde des Sceaux réagit à la polémique suscitée par la permission de sortie « travail » octroyée à un baron du narcotrafic incarcéré dans un quartier de haute sécurité à Vendin-le-Vieil, dans le Pas-de-Calais, malgré son passé d’évasion spectaculaire en 2014.

Gérald Darmanin a exprimé dans un long message sur X son souhait de revoir en profondeur le cadre législatif : « L’épisode concernant le détenu de la prison de haute sécurité de Vendin-le-Vieil met en lumière un enjeu plus large : notre cadre législatif d’application des peines doit être pleinement revu face aux réalités de la grande criminalité organisée. »

Il ajoute que « ces profils particulièrement structurés et dangereux exigent des outils juridiques différents et une vigilance toute particulière ».

Cette déclaration intervient après l’octroi d’une permission de sortie à un détenu de 52 ans, considéré comme l’un des 100 plus dangereux de France, condamné en 2012 à huit ans pour trafic de stupéfiants. En 2014, un commando armé avait attaqué son escorte lors d’un transfert à l’hôpital de Saint-Denis, lui permettant de s’évader pendant deux semaines avant son interpellation au Blanc-Mesnil.

La décision du juge d’application des peines de Béthune, confirmée en appel malgré l’opposition du parquet et du chef d’établissement, permet au détenu de se rendre lundi dans la région lyonnaise pour un rendez-vous professionnel, sans escorte mais avec alerte aux forces de l’ordre locales. Il sera pris en charge par son épouse et rentrera le soir, entre 7 h et 21 h. Les syndicats pénitentiaires expriment leur indignation, soulignant les risques pour ce type de profils.

Gérald Darmanin, qui avait porté la loi sur le narcotrafic promulguée en juin, promet de « moderniser et consolider les règles encadrant l’exécution des peines pour les criminels les plus dangereux ». Il annonce un « droit spécifique et un juge d’application spécialisé », similaire à celui du terrorisme, dans un prochain texte législatif début 2026.

Le procureur de Béthune, Etienne Thieffry, rappelle que le détenu remplit les critères légaux, mais que l’opportunité reste subjective. « C’est l’un des objectifs de la peine d’emprisonnement que de favoriser la réinsertion », argue-t-il, pour éviter la récidive après paiement de la dette sociétale.