France

Darmanin s’inquiète face à des trafiquants à la tête de milliards d’euros

À Marseille, Gérald Darmanin alerte sur une «bataille très, très dure» contre des narcotrafiquants générant «entre 5 à 6 milliards d’euros» d’argent liquide, comparant cette menace à celle du terrorisme, après l’assassinat de Mehdi Kessaci, frère d’un militant anti-drogue.

Lors d’un déplacement à Marseille avec Laurent Nuñez, le ministre de la Justice Gérald Darmanin a souligné la difficulté d’une « bataille très, très dure » face à des organisations criminelles brassant « entre 5 à 6 milliards d’euros » en cash, assimilant le narcotrafic à une menace équivalente au terrorisme, dans le sillage de l’assassinat de Mehdi Kessaci.

Renforcements et appels à la mobilisation 

Gérald Darmanin et le ministre de l’Intérieur Laurent Nuñez ont tenu une réunion opérationnelle à la préfecture des Bouches-du-Rhône, annonçant des mesures concrètes. Le ministre de l’Intérieur a évoqué un « point de bascule » et révélé que « 2 000 personnes liées aux mafias marseillaises » sont mises en examen, dont 900 en détention provisoire, et que ces réseaux s’étendent à une dizaine de départements du sud.

Laurent Nuñez s’est engagé de son côté à se rendre mensuellement à Marseille pour superviser les dispositifs, qualifiant l’assassinat de Mehdi Kessaci de « crime qui vise à atteindre l’État ».

Le garde des Sceaux a aussi promis un renforcement des magistrats à Marseille, avec 50 supplémentaires depuis cinq ans, et insisté sur la lutte contre la corruption touchant enquêteurs et tribunaux. Il a évoqué des opérations récentes aux Baumettes et l’extradition de narcotrafiquants des Émirats arabes unis, avec une trentaine encore à rapatrier. « Nous sommes en train de nettoyer les prisons françaises », a-t-il déclaré, identifiant 700 détenus à haute dangerosité.

La DZ Mafia, au cœur des débats, voit 27 de ses 30 dirigeants incarcérés, dont 21 en quartier de haute sécurité.

Le Premier ministre Sébastien Lecornu a accepté un débat à l’Assemblée sur la lutte contre le narcotrafic, demandé par les socialistes après ce « point de bascule » que fut l’assassinat à Marseille d’un jeune dénonçant le trafic de drogue. Jean-Noël Barrot, ministre des Affaires étrangères propose, lui, un régime européen de sanctions contre la criminalité organisée, visant à geler les avoirs et à interdire l’accès au territoire.

Amine Kessaci, frère de la victime, a déclaré : « Tout le monde est menacé aujourd’hui », appelant à une réponse forte pour protéger la liberté d’expression. Une marche blanche est prévue samedi, avec des élus de gauche comme Manuel Bompard (LFI) et Olivier Faure (PS).

D'autres élus comme Clémentine Autain appellent à une action équilibrée entre répression, police de proximité et prévention, critiquant l’abandon des quartiers populaires. Le maire de Marseille, Benoît Payan, qui affirme être lui-même menacé de mort par des trafiquants, alerte sur un manque d’effectifs policiers.

Le sénateur de Marseille Stéphane Ravier (ex-RN) fustige lui l’incapacité de l’exécutif à admettre que le problème de la drogue est d’origine migratoire.

Martine Vassal, candidate LR à la mairie de Marseille, réclame une antenne du parquet national anticriminalité organisé  (Pnaco) à Marseille, tandis que Christian Estrosi (Horizons) exhorte à déployer l’armée.

Roberto Saviano, écrivain napolitain spécialiste de la Camorra, met en garde : « La France est dans une situation dramatique car elle a ignoré la question du narcotrafic pendant trente ans ».