France

Corse : deux hommes arrêtés à Ajaccio après les manifestations

La situation à Ajaccio demeure toujours tendue après les derniers incidents qui ont secoué la ville. Ce dimanche, des manifestants ont tenté une nouvelle fois d'investir le quartier des Jardins de l'Empereur malgré l'interdiction préfectorale.

Lundi 28 décembre

Les images des manifestants bloqués par la police à l’entrée des Jardins de l’Empereur.

Deux enquêtes ont été ouvertes, et deux hommes interpellés, après les incidents survenus ces derniers jours à Ajaccio, où des centaines de manifestants ont encore défilé dimanche dans plusieurs quartiers populaires sauf celui cible de dérapages racistes, «sanctuarisé» par un arrêté préfectoral.

Les deux suspects interpellés dimanche «devraient normalement être déférés demain ou après-demain (...) et répondront à tout le moins des faits de dégradations», a indiqué dimanche soir le procureur de la République. 

«Leur implication dans l'agression des pompiers fait encore l'objet d’investigations», a précisé Eric Bouillard lors d'une conférence de presse.

«Une détonation a été entendue et un colis suspect a été retrouvé ce soir dans un restaurant marocain de la ville» a informé le directeur départemental de la sécurité. Une équipe spécialisée dans le déminage est sur place a-t-il en outre précisé.

«La Corse dispose de moyens policiers qui sont largement suffisants pour assurer le maintien de l'Ordre» a-t-il assuré. Les deux individus interpellés ce dimanche devraient être déféré lundi ou mardi devant la justice.

Le procureur de la République d'Ajaccio Eric Bouillard s'exprime actuellement en conférence de presse. 

Une cinquantaine d'individus ont rejoint en début de soirée le quartier des Jardins de l'Empereur pour y affronter les gendarmes mobiles et les CRS qui assurent encore la protection du périmètre. Ces derniers ont essuyé des jets de pierre.

Dimanche 27 décembre

La tension reste vive dans le quartier des Jardins de l'Empereur où les CRS et gendarmes mobiles restent mobilisés. Des manifestants exigent d'autres arrestations, en référence aux autres individus potentiels ayant participé à l'agression de deux pompiers et d'un policier. 

Quelques pétards ont été lancés sur les CRS et gendarmes mobiles par les manifestants cantonnés aux abords du quartier des Jardins de l'Empereur.

Images des manifestants se dirigeant vers la préfecture. Parmi eux, figuraient de nombreux jeunes. 

Alors qu'une partie des manifestants rejoint le quartier sensible des Cannes, d'autres défilent dans les rues d'Ajaccio. 

Des manifestants ont décidé de se diriger vers le quartiers sensible des Cannes

Ce dimanche, deux personnes ont été placées en garde à vue dans le cadre de l'enquête sur l'agression des sapeurs pompiers dans le quartier des Jardins de l'Empereur à Ajaccio pendant la nuit de noël a indiqué le procureur de la République d'Ajaccio. 

Les manifestants rassemblés devant la préfecture sont estimés à une centaine. Pour l'heure, aucun incident n'a été recensé. 

Interrogé par l'AFP, le préfet de Corse, Christophe Mirmand, a préféré relativiser le climat d'insécurité «dénoncé par certains» dans le quartier des Jardins de l'empereur à Ajaccio, théâtre de l'agression de deux pompiers et un policier. Il pointe «le caractère inhabituel» de cette «embuscade» qui a pu «choquer».

Empêchés d'accéder au quartier du Jardin de l'Empereur par les forces de l'ordre, les manifestants ont défilé dans la ville et se sont rassemblés devant la préfecture d'Ajaccio. Le drapeau corse a été attaché devant l'entrée. 

Le quartier des Jardins de l'Empereur est actuellement entouré d'un mur anti-émeute mise en place par les forces de l'ordre. 

Ce dimanche, un homme a été interpellé en début d'après-midi à la suite des dégradations commises le 24 décembre, notamment la préparation des feux de palettes, dans le quartier de l'Empereur à Ajaccio. l'Information a été confirmée par le parquet d'Ajaccio. 

Malgré l'interdiction préfectorale de manifester dans le quartier des Jardins de l'Empereur, une troisième manifestation était prévue à 14h dans une autre zone de la ville d'Ajaccio. 

Après avoir appelé à la fin des manifestations, le préfet de Corse, Christophe Mirmand a pris «un arrêté d’interdiction de manifester dans ce quartier » jusqu’au 4 janvier après les incidents de ces deux derniers jours. 

Le chef de file des Républicains à l'Assemblée nationale a demandé au ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve de «faire la transparence sur la hiérarchie des ordres qui ont été donnés», lors d'un entretien sur Europe 1. Bernard Cazeneuve doit «faire la transparence sur la hiérarchie des ordres qui ont été donnés : qui a donné des instructions au préfet ? À quel moment ? De quelle façon se sont passées les choses ?», a-t-il précisé. «Le racisme n'est tolérable nulle part», a-t-il ajouté.

 

Le parti communiste a dénoncé samedi soir dans un communiqué les agressions comme le saccage du lieu de culte.

«Un arrêté d'interdiction de manifester dans le quartier» des Jardins de l'Empereur à Ajaccio sera publié dimanche, a annoncé Christophe Mirmand.

Samedi 26 décembre

Le préfet de Corse Christophe Mirmand a appelé à la fin des manifestations de mécontentement qui ont fait suite à la mort des deux pompiers. «J'ai reçu une délégation pour leur demander de cesser ces mouvements et cette démonstration qui donne un image désastreuse de la Corse», a-t-il déclaré lors d'un point presse à l'issue d'une rencontre avec des manifestants. Ils se sont dits satisfaits des engagements pris par le préfet.

Des images de la descente dans la cité Saint-Jean d'Ajaccio en Corse, aux cris de «C'est ici chez nous » ou encore «C'est nous les pompiers descendez!».

Document à l'appui, il y aurait eu plus de 1 600 agressions de pompiers en 2014 :

Le maire de Nice et président du Conseil régional de Provence-Alpes-Côte d'Azur, Christian Estrosi, a dénoncé le saccage de la salle de prière :

Les incidents en Corse font beaucoup fait réagir sur Twitter, notamment les mots "Sales Corses" qui sont apparus dans la liste des tendances actuelles des sujets les plus abordés entre les différentes utilisateurs du réseau social.

Il s'agit de mots qui auraient été employés par les instigateurs du guet-apens de jeudi soir à l'encontre des pompiers à Ajaccio, rapporte le quotidien Corse Matin :

Le président de la collectivité territoriale de Corse, Gilles Simeoni, a réagi aux derniers événements. « Il y a en fait deux séquences qui sont liées, la première c'est ce guet-apens. Un véritable guet-apens contre des pompiers. C'est la première fois que cela arrive en Corse. Cela a créé une émotion considérable », a-t-il déclaré au micro de nos confrères. Il a dénoncé une absence de politique pendant 15 ou 20 ans en Corse qui a laissé des quartiers se «ghettoïser». «C'est un amalgame incompréhensible. Il y a d'un côté des délinquants qu'il faut pointer du doigt (…) et il y a eu ces actes racistes qui sont totalement contraire à la Corse que nous voulons et que nous allons construire», poursuit-il.

D'autres pointent du doigt le silence du gouvernement, et notamment du Premier ministre Manuel Valls :

Les réactions se multiplient. Certains s'essayent à l'humour comme Yvan Rioufol, journaliste au Figaro.

La tension reste vive dans le ville d'Ajaccio. Plusieurs portes vitrées de trois halls d'entrée ont été brisées à coup de pierre par un seul manifestant rapporte une correspondante de l'AFP actuellement présente dans ce quartier réputé sensible. Malgré un important dispositif de sécurité, les manifestants ont réussi à forcer un barrage de police.

Dans la nuit de jeudi à vendredi, les services de secours avaient été pris à partie dans ce même quartier par une bande de jeunes aux visages masqués alors qu'ils intervenaient pour mettre fin à un incendie. Selon la préfecture, quelques heures avant les incidents, les forces de l'ordre et les services municipaux avaient préalablement retiré «400 palettes de bois, une tonne de pneumatiques et un engin incendiaire» potentiellement utilisables pour provoquer de multiples incendies lors de nuit de noël. 

Vendredi, une première manifestation de soutien aux pompiers et au policier a rassemblé dans le calme environ 600 personnes devant la préfecture d'Ajaccio. La moitié d'entre-eux ont par la suite décidé de rejoindre le lieu où s'est produite l'agression. Très rapidement, les revendications de rétablir la justice ont laissé place aux insultes racistes. «Arabi fora (les Arabes dehors, ndlr)!» ou «On est chez nous!» hurlaient certains. 

Un petit groupe s'est ensuite détaché pour mettre à sac une salle de prière musulmane. Les casseurs ont tenté d'incendier les lieux sans y parvenir. Des dizaines d'exemplaires du Coran ont été en revanche brûlés.