France

Outre-mer : le cri d'alarme de 70 personnalités

Les Outre-mer traversent une crise profonde, marquée par la pauvreté, des services publics défaillants et un sentiment d’abandon, alertent 70 personnalités. Les baisses budgétaires et l’absence de représentation gouvernementale aggravent les tensions. Un plan national est indispensable pour garantir l’égalité réelle et restaurer la confiance.

Jamais la situation des Outre-mer n’a été aussi critique. Territoires stratégiques, essentiels à la présence de la France dans le monde et à la richesse de la Nation, ils subissent une accumulation de crises sociales, économiques, sécuritaires et institutionnelles.

Dans une tribune, plus de 70 personnalités ont alerté sur la pauvreté, le chômage massif, la vie chère, les réseaux d’eau et d’infrastructures défaillants, les systèmes de santé et d’éducation fragilisés, en pointant du doigt le fait que ces difficultés structurelles s’aggravent d’année en année.

Les réponses de l’État, perçues comme tardives ou insuffisantes, nourrissent un profond sentiment d’abandon. La nomination de Naïma Moutchou au portefeuille des Outre-mer, septième ministre en trois ans, est vécue comme un symbole d’instabilité, là où compétence, constance et ancrage local seraient indispensables.

Multiplication des crises

Les défis se multiplient dans chaque territoire. En Nouvelle-Calédonie, l’évolution statutaire, la réforme du corps électoral et le plan nickel conditionnent la paix civile après les émeutes de 2024. À Mayotte, l’immigration en provenance des Comores et les retards de la reconstruction après le passage du cyclone Chido alimentent la colère. Aux Antilles et en Guyane, vie chère, explosion des violences, trafic d’armes et crise de l’eau témoignent d’un désengagement de long terme : en Guadeloupe, il faudrait deux siècles pour renouveler le réseau actuel.

Le scandale du chlordécone, la prolifération des sargasses, la fragilité énergétique à La Réunion et en Polynésie française complètent un tableau déjà lourd. Partout, la population réclame des actes.

La baisse drastique des crédits de l’État – 1,6 milliard en moins sur l’effort global et 628 millions retranchés au ministère des outre-mer – inquiète profondément. Les aides aux entreprises, au logement, aux collectivités et à la continuité territoriale sont en recul, affaiblissant des économies déjà vulnérables.

L’absence totale d’ultramarins au gouvernement, fait inédit, nourrit le malaise. Cette marginalisation touche aussi le débat public : horaires parlementaires mal fixés, suppression du créole à l’agrégation, absence de soutien pour les jeunes partant étudier, manque criant d’infrastructures sportives.

Pourtant, les Outre-mer ne demandent ni traitement de faveur ni exception, mais l’égalité réelle. Un plan d’investissement structurant, la modernisation des infrastructures, la lutte contre la pauvreté et l’illettrisme, la transition écologique, la revitalisation des services publics sont autant de nécessités urgentes.

Ces territoires ne doivent plus être un laboratoire de politiques improvisées : ils sont l’avenir maritime, économique et géopolitique de la France. Restaurer la confiance exige un engagement clair, durable et ambitieux.