Patrick Martin, à la tête du Medef, dénonce vigoureusement le report de la réforme des retraites de 2023, qualifié d’« hérésie » et d’« erreur fatale » dans un entretien donné au Figaro.
Cette mesure, examinée ce 12 novembre à l’Assemblée nationale dans le cadre du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS), risque selon lui d’aggraver les finances publiques et l’économie française.
Une concession politique coûteuse et une «faute originelle»
« Ce report, c’est la faute originelle, l’erreur fatale », assène Patrick Martin. Pour le président du syndicat patronal : « les réformes Borne et Touraine ne suffisaient déjà pas à assurer l’équilibre des retraites. Et aujourd’hui, délibérément, on se prédispose à creuser encore le déficit des retraites de 15 milliards d’euros à horizon 2035 ».
Pour le patron des patrons, cette suspension, exigée par les socialistes pour éviter une censure du gouvernement Lecornu, n’est pas seulement une aberration budgétaire. Elle dégradera le taux d’emploi, qui pose déjà problème et pèsera inévitablement sur les contribuables via une fiscalité accrue. Le gouvernement a même élargi la mesure aux carrières longues et à certaines catégories de la fonction publique, portant le coût à 300 millions d’euros en 2026 et 1,9 milliard en 2027, financés par une hausse de la CSG sur le patrimoine. Patrick Martin y voit une « surenchère fiscale » : « Toutes les mesures d’économies sont annulées et compensées par une augmentation de la fiscalité. Je le redis, c’est l’inverse de ce qu’il faut faire ».
Sur X, la présidente de la région Île-de-France, Valérie Pécresse, partage cette indignation : « Jour funeste pour la France […] Combien d’impôts supplémentaires faudra-t-il voter pour combler un trou qui s’élève déjà à des dizaines de milliards par an ? ».
À l’inverse, la CGT, par la voix de Sophie Binet, appelle à la grève le 2 décembre pour accentuer la pression, voyant dans cette suspension une « brèche dans un totem du macronisme ».
À l’Assemblée, le vote s’annonce serré. PS, RN et Liot devraient approuver l’article 45 bis, tandis que LFI, LR et une partie d’Horizons s’y opposent. Les écologistes et les communistes hésitent, plaçant le MoDem et EPR en arbitres. Pour Patrick Martin, cette « captation du débat » par l’équité fiscale masque le vrai enjeu : produire plus de richesses. « La stabilité politique est souhaitable, mais à quel prix ? » interroge-t-il, consterné par des discussions qu’il juge « irresponsables » et court-termistes.