Le drame sur le boulevard de la Liberté à Lille dans la nuit du 31 octobre au 1er novembre réactualise un fléau national : les refus d’obtempérer sèment la mort, alimentés par la récidive et la consommation d’un gaz hilarant, le protoxyde d’azote. Cette nuit-là, ils ont causé la mort tragique de Mathis, étudiant sans problème.
Une chronique mortifère et un phénomène de société
Vers 4h50, une berline noire roule à vive allure sur la voie de bus. Le conducteur, Chaoulia Abed E., 31 ans, refuse deux contrôles, brûle un feu rouge et percute Mathis, qui traversait avec une amie la place de la République. Projeté contre un arbre, l’étudiant meurt sur le coup. Le suspect fuit à pied mais est interpellé.
Multirécidiviste (16 mentions : séquestration en 2020, trafic de drogue en 2013), détenteur d’un permis annulé en 2023, le conducteur nie les faits. Mis en examen pour homicide routier aggravé et refus d’obtempérer, il est écroué, encourant sept ans de prison.
Le ministre de l’Intérieur Laurent Nuñez, sur place le 3 novembre a déclaré : « Nous ne laisserons rien passer en termes de refus d’obtempérer ».
La mère de la victime a fait part de sa colère : « J’ai la haine parce qu’il a ôté la vie à un adolescent qui était rayonnant ». Elle affirme qu’elle se battra pour sa mémoire.
Son père décrit un fils « solaire », adopté d’Haïti, créateur de mode et rappeur, qui aurait fêté ses 20 ans le 5 novembre.
Médiatisé par le décès du jeune délinquant Nahel abattu après un refus d’obtempérer, le phénomène n’en finit pas de prendre de l’ampleur avec +9 % de refus d’obtempérer sur neuf mois en 2025 : 70 par jour, un toutes les vingt-cinq minutes.
Un refus sur cinq est aggravé, menaçant usagers et forces de l’ordre (12 %). Le protoxyde d’azote, addictif et utilisé comme drogue, amplifie le sentiment de toute puissance et d’impunité.
En France, 84 % des peines pour refus d’obtempérer sont inférieures à un an de prison, souvent aménageables.