France

Le camp de réfugiés à Grande-Synthe serait-il pire que celui de la Jungle de Calais ?

Les migrants réfugiés dans le camp de Grande-Synthe vivent dans des conditions extrêmes et déplorables. Une trentaine de toilettes et deux points d’eau potables pour plus de 2 500 personnes. MSF a déjà déclaré que c’était qu’à Calais.

Le camp de réfugiés de Grande-Synthe, une petite ville près de Dunkerque, abrite pour le moment 2 600 personnes et croît chaque jour.

Des ONG essaient de distribuer de l’aide médicale aux migrants et met en garde sur «une vraie catastrophe» et une «urgence sanitaire». Le camp ne dispose que de deux points d’eau potables, 48 douches et 32 toilettes, soit une pour plus de 80 réfugiés, lorsque dans un camp de réfugiés normal ce chiffre est d’au minimum une toilette pour 20 personnes.

Médecins sans frontières et Médecins du monde sont presque les seuls à apporter un soutien quotidien à ces malheureux qui, pour la grande majorité, ont fui la guerre et la terreur. Les deux organisations effectuent ainsi une cinquantaine de consultations médicales par jour, principalement des infections respiratoires, des lombalgies chroniques ou des traumatismes divers, tous liés à l'humidité ambiante et aux conditions de vie difficiles.

«Les standards sanitaires ne sont absolument pas respectés ! Il faut agir, et vite ! Car nous ne sommes pas à l'abri du décès d'un enfant à cause du froid», s’insurge Delphine Visentin, cheffe de mission chez Médecins sans frontières.

Un autre responsable de Médecins sans frontières, Mathieu Balthazard, a confié à The Independent que le camp de Grande-Synthe était même pire qu’un camp qu’il avait visité en Ethiopie. «C’est vraiment exceptionnel de voir un tel camp !», déplore-t-il.
Situé en bordure d'autoroute, sur un terrain vague en zone inondable (l’eau peut dépasser la hauteur des chevilles quand la zone est inondée), le campement actuel est constitué de centaines de tentes et d'habitats très précaires, constamment embourbés. Pour traverser le camp, des bottes sont nécessaires mais tous n'ont pas la chance d'en posséder, notamment les enfants, présents par dizaines et beaucoup ont moins de cinq ans.

Reste que des lueurs d’espoir apparaissent. Le conseil municipal et MSF entendent placer le camp dans une autre région et fournir des tentes chauffées pour ses 2 600 résidents.

Le maire de la ville, Damien Carême, un écologiste, n'a eu de cesse ces dernières semaines d'exhorter l'Etat «à prendre ses responsabilités». «La France, pays des droits de l'homme, devrait avoir honte qu'une situation digne du tiers-monde puisse exister sur son territoire. Elle ne trouvera pas de place dans ma commune», avait déclaré le maire à la mi-novembre déjà. Ses appels ont été entendus. Le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, l’a invité à Paris pour discuter du problème.

En savoir plus : Heurts avec les migrants à Calais : la maire réitère ses propos sur l'intervention de l'armée