Dans une alliance inattendue, la gauche et le Rassemblement national ont fait adopter, le 28 octobre, un amendement porté par Éric Coquerel (LFI) visant à taxer les bénéfices des multinationales en fonction de leur activité réelle en France.
Ce « coup de massue » fiscal, censé rapporter 26 milliards d’euros, fragilise l’adoption du budget 2026, suscitant l’ire du gouvernement et des milieux d’affaires.
Inspiré par l’économiste Gabriel Zucman et l’association Attac, l’amendement impose un impôt de 25 % sur les bénéfices mondiaux des multinationales, proportionnel à leur chiffre d’affaires en France. « Si une entreprise réalise 10 % de ses ventes en France, elle paiera l’impôt sur 10 % de ses bénéfices, même s’ils sont déclarés ailleurs », explique Éric Coquerel. L’objectif est de contrer l’optimisation fiscale en récupérant un « déficit fiscal » estimé à 36 milliards d’euros par an.
Sur X, Clémence Guetté (LFI) s’enthousiasme : « 26 milliards, c’est le coût de la retraite à 60 ans ! C’est l’heure de vérité pour les macronistes et les socialistes. »
Cette mesure, votée par 207 voix contre 89, a réuni toute la gauche et le RN, mais suscité l’opposition des Républicains, de Renaissance et de leurs alliés. Le ministre de l’Économie, Roland Lescure, dénonce un « bras d’honneur à 125 pays », arguant que la taxe viole les conventions fiscales internationales, rendant son application improbable.
Bruno Retailleau (LR) fustige une « folie fiscale » qui « assomme l’économie ». Les milieux d’affaires s’inquiètent des retombées sur la croissance et l’attractivité française.
Le budget 2026, déjà fragilisé par d’autres amendements comme la taxe sur les superdividendes, devient « invotable » pour la droite et le centre, selon Marc Fesneau (MoDem).
Avec un passage au Sénat à venir, où la mesure risque d’être retoquée, et un calendrier législatif sous pression, l’adoption du budget s’annonce compromise, faisant planer la menace d’une crise politique majeure. La censure du gouvernement Lecornu II demeure possible, au risque de provoquer une dissolution de l’Assemblée nationale.