Le doublement des franchises médicales et participations forfaitaires, prévu dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale 2026, a provoqué une levée de boucliers à l’Assemblée nationale. Le 29 octobre, les députés de tous bords, du Rassemblement national à La France insoumise, en passant par Les Républicains et les socialistes, ont unanimement rejeté l’article 18 du texte, qui prévoit l’élargissement du champ de ces franchises.
Présentée comme une mesure d’économie indispensable par le gouvernement de Sébastien Lecornu, elle doit permettre de dégager 2,3 milliards d’euros sur les 7 milliards d’économies annoncées dans le secteur de la santé.
Les opposants dénoncent une mesure « injuste » et « socialement dangereuse », accusée de faire peser le poids du redressement budgétaire sur les malades et les plus précaires. Déjà doublées en 2024, les franchises s’appliqueraient désormais aux soins dentaires et aux dispositifs médicaux, jusqu’ici exemptés, avec un plafond porté à 100 euros.
« Une médecine à deux vitesses »
Pour le rapporteur du texte, Thibault Bazin (LR), cette réforme franchit « un seuil symbolique », risquant de pénaliser les malades chroniques, dont les frais passeraient de 43 à 85 euros par an. Sur les bancs de la gauche, le communiste Yannick Monnet a dénoncé une mesure qui « accentuera le renoncement aux soins » et fragilisera la santé publique. Le socialiste Jérôme Guedj y voit une remise en cause du principe d’universalité de la Sécurité sociale, ouvrant la voie à « une médecine à deux vitesses ».
Même au sein de la majorité présidentielle, des voix s’élèvent. Le président de la commission des affaires sociales, Frédéric Valletoux (Horizons), juge « inacceptable que les patients paient le prix de l’absence de réformes structurelles ».
Seules quelques élues centristes, comme Anne Bergantz (MoDem), défendent un « effort raisonnable » au regard des finances publiques, rappelant que 18 millions d’assurés, bénéficiaires de la Complémentaire santé solidaire, restent exonérés. Le débat, très politique, illustre la tension croissante entre impératif budgétaire et justice sociale, à la veille d’un hiver marqué par la précarité sanitaire.