France

Échanges houleux entre le prix Nobel de l'économie et Marine Le Pen au sujet de son contre-budget

Philippe Aghion a jugé « irréaliste » le contre-budget du RN, accusant le parti d’incompétence économique. Marine Le Pen a répliqué en l’accusant de mépris et d’avoir soutenu la politique d’Emmanuel Macron. Pendant ce temps, l’examen du budget 2026 s’enlise à l’Assemblée avec près de 3 000 amendements restants.

Invité de RFI dans la matinale du 27 octobre, le prix Nobel d’économie 2025 Philippe Aghion a provoqué une vive polémique en qualifiant le contre-budget du Rassemblement national d’« irréaliste » et ses concepteurs de « grands amateurs ».

Alors que l’Assemblée nationale planche sur le projet de loi de finances, l’économiste a dénoncé la proposition du RN, qui prétend atteindre 36 milliards d’euros d’économies en 2026, contre 30 milliards visés par le gouvernement. Le plan du parti de Marine Le Pen prévoit une réduction de 50 milliards de dépenses publiques et une baisse de 14 milliards des recettes fiscales.

Marine Le Pen tire à boulets rouges

Pour Philippe Aghion, une telle équation est intenable : « Ce ne sont pas des gens sérieux. Je ne leur confierais pas les manettes de la France », a-t-il lâché, reprochant au RN un manque total de crédibilité économique.

Une sortie qui a immédiatement fait réagir Marine Le Pen, accusant le lauréat du Nobel de « déverser son mépris sur le Rassemblement national ». Dans un communiqué cinglant, elle l’a accusé de défendre un discours mêlant « moraline sur l’immigration » et « contre-vérités sur l’Union européenne », tout en rejetant l’idée que le programme de son parti soit fantaisiste.

Elle a souligné que le RN « n’a jamais exercé le pouvoir », et n'a donc « aucune responsabilité » dans l’état actuel des finances publiques. En revanche, elle a rappelé le soutien de Philippe Aghion à François Hollande, accusant l’économiste d’avoir inspiré le « pire programme économique de notre histoire récente », prolongé selon elle par la politique d’Emmanuel Macron, responsable de « 1 100 milliards d’euros de dette publique supplémentaire ».

Sur le plan parlementaire, les débats sur la partie recettes du budget restent enlisés. Près de 2 900 amendements restaient à examiner mardi, rendant improbable un vote solennel avant le 4 novembre. En cas de retard, les discussions reprendront à partir du 12 novembre, après l’examen du budget de la Sécurité sociale, dans un climat déjà tendu entre majorité, opposition et institutions.